Une vidéo qui sature les réseaux sociaux présente une image de Camerounais clochardisés, qui se bousculent pour acquérir du riz à 15 000 FCFA. Le sac de 50 kilogrammes de riz thaïlandais coûte pourtant 8 500 FCFA à l’achat. Le même sac est revendu sur le marché camerounais à 27 000 FCFA. Et pour cause, le transport, la douane et les multiples taxes directs et indirects font exploser le prix de vente au détail. Nous retraçons ici les multiples étapes et le fardeau fiscal qui flambe les coûts sur le marché. Au moment où on parle d’import-substitution. À quel leurre !

Comment l’État asphyxie le peuple

Par Thomas Tankou______________

Dans un contexte économique de plus en plus difficile, le ministre camerounais du Commerce a récemment organisé une vente promotionnelle de riz, une denrée essentielle pour les ménages. Cependant, derrière cette initiative, se cache une réalité inquiétante : le prix du riz, déjà élevé, est alourdi par une pléthore de taxes qui pèse sur le consommateur.

Un examen détaillé des coûts révèle que le sac de riz de 50 kilogrammes importé de Thaïlande, affiché à 8 500 FCFA, subit de multiples prélèvements avant d’atteindre les étals des détaillants. En effet, le transport initial du produit s’élève à 1 000 FCFA, suivi d’une taxe douanière de 50 % (4 250 FCFA), ainsi que des droits d’assises de 2 000 FCFA. À cela s’ajoutent la TVA (1 900 FCFA) et d’autres charges imposées par l’État (750 FCFA), sans oublier le coût de transport du port au magasin qui atteint également 1 000 FCFA.

Au total, ces diverses taxes et charges font grimper le prix chez l’importateur à 21 390 FCFA, sur lequel est appliqué une TVA de 18,25 % (3 894 FCFA) au niveau du grossiste. En intégrant les frais de transport et le bénéfice du grossiste, le prix final atteint 27 000 FCFA pour le consommateur.

Une Fiscalité Écrasante…

Cette structure de prix soulève des questions cruciales sur la fiscalité en vigueur. La multiplication des taxes et leur impact sur le coût de la vie mettent en lumière la nécessité d’une réforme en profondeur de la politique fiscale. Les consommateurs, déjà éprouvés par la hausse des prix, se retrouvent piégés dans un cycle d’augmentation constante des coûts.

Conséquences en année électorale lectorale…

L’année électorale ajoute une couche supplémentaire de complexité à cette problématique. La cherté de la vie pourrait avoir des répercussions significatives sur la confiance du public envers les autorités en place. Les électeurs, confrontés à des difficultés économiques croissantes, pourraient exprimer leur mécontentement lors des prochaines élections. Une inflation galopante, couplée à un pouvoir d’achat en berne, risque de provoquer des tensions sociales et de remettre en question la légitimité des promesses politiques.

Vers une solution durable ?

Il est impératif que le gouvernement prenne des mesures pour alléger la charge fiscale qui pèse sur les ménages. En réduisant les taxes sur les produits de première nécessité comme le riz, l’État pourrait non seulement soulager les consommateurs, mais également favoriser un climat économique plus stable.
La vente promotionnelle de riz, bien qu’appréciée, ne doit pas masquer la nécessité urgente d’une révision de la politique fiscale. Le Cameroun doit agir rapidement pour éviter que la cherté de la vie ne devienne un facteur de crise sociale dans un moment déjà délicat sur le plan politique.

L’échec de l’import-substitution comme solution à la vie chère au Cameroun…

Au Cameroun, la vie chère est un sujet de préoccupation croissante pour de nombreux citoyens. Face à cette situation, le gouvernement a souvent mis en avant l’import-substitution comme une solution viable pour réduire le coût des biens de consommation. Cependant, cette approche semble n’être qu’une illusion, comme le montre une récente vidéo où des Camerounais se bousculent pour acheter des sacs de riz à prix réduit. Cette situation met en lumière les limites de la stratégie d’import-substitution dans un pays qui pourrait pourtant bénéficier d’une production locale renforcée.
L’import-substitution repose sur l’idée que remplacer les importations par une production nationale permet de stimuler l’économie locale, de créer des emplois et de réduire les prix. Cependant, cette stratégie a rencontré plusieurs obstacles au Cameroun. D’une part, le manque d’infrastructures adéquates et d’investissements dans le secteur agricole a freiné la capacité des producteurs locaux à répondre à la demande croissante de produits alimentaires, notamment le riz.

D’autre part, les politiques mises en place pour encourager la production locale ont souvent été mal ciblées et manquent de soutien concret. Le gouvernement a du mal à fournir les ressources nécessaires, telles que les financements, la formation et l’accès aux marchés, qui sont essentiels pour permettre aux agriculteurs de produire à grande échelle et à des coûts compétitifs.

La réalité du marché…

La vidéo montrant des Camerounais se bousculant pour acheter du riz à prix réduit souligne une réalité douloureuse : la dépendance du pays aux importations. Bien que les autorités aient tenté de réduire les importations pour stimuler la production locale, les résultats sont loin d’être satisfaisants. Les consommateurs continuent d’être confrontés à des prix élevés, et le riz, un aliment de base, reste inaccessibile pour une partie importante de la population.

L’incapacité à produire suffisamment de riz localement a conduit à une hausse des prix sur le marché, rendant l’importation d’une nécessité plutôt qu’une option. Cette situation soulève des questions sur l’efficacité de l’import-substitution comme stratégie pour alléger le fardeau économique des Camerounais.

Une alternative : investir dans la production locale…

Pour que l’import-substitution puisse réellement porter ses fruits, il est impératif d’investir massivement dans la production locale. Cela passe par la modernisation des techniques agricoles, le soutien aux agriculteurs, et la mise en place d’un cadre réglementaire propice à l’épanouissement du secteur. De plus, il est crucial d’encourager les partenariats entre le gouvernement, les entreprises et les agriculteurs pour créer un écosystème durable.

En développant la production locale de riz, non seulement les prix pourraient être abaissés, mais cela contribuerait également à la sécurité alimentaire et à la création d’emplois, renforçant ainsi l’économie nationale.
L’import-substitution, bien que séduisante en théorie, montre ses limites dans la réalité camerounaise. Pour faire face à la vie chère, il est essentiel de se tourner vers des solutions durables qui privilégient la production locale. Au lieu de s’appuyer sur un modèle d’importation qui ne fait qu’aggraver la situation, le Cameroun doit investir dans son agriculture et ses ressources humaines pour bâtir un avenir économique plus stable et accessible pour tous.

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