Dans un communiqué rendu public hier par le secrétaire général du Rdpc, Jean Nkuete a, entre autres déclarations affirmé sans ambages que le Cameroun n’est pas une république des médias… Même s’il faut reconnaître que cette déclaration s’inscrivait dans un contexte de laisser-aller sur les réseaux sociaux, la globalisation de la gangrène à tous les médias est un pas de trop, que le Sg du parti au pouvoir a allègrement franchi.
Cette sortie intervient à un moment où la presse à capitaux privés broient du noir au Cameroun. Soliloque sur une sortie de piste.
Le Cameroun est aussi une république des médias
Par Thomas Tankou_____________
Le rôle des médias libre et indépendant dans une démocratie est crucial.
La déclaration du SG du parti au pouvoir, faite dans un contexte où les médias privés souffrent de discrimination et de marginalisation, soulève des questions importantes sur le rôle des médias en démocratie.
La presse dans la détresse…
Les médias à capitaux privés au Cameroun traversent une période difficile. Alors que les insertions publicitaires sont souvent attribuées de manière inégale, favorisant les médias qui adoptent une ligne éditoriale complaisante envers le régime, ceux qui choisissent de critiquer sont laissés pour compte. Cela crée un environnement où la liberté d’expression est compromise, et où le droit du public à une information diversifiée est menacé.
Le volume des tirages de journaux se réduit de manière alarmante, en grande partie à cause de la montée en puissance des réseaux sociaux. Bien que ces plateformes offrent une nouvelle avenue pour la diffusion d’informations, elles ne remplacent pas le rôle traditionnel des médias en tant que gardiens de l’information. Les journalistes qui choisissent de ne pas se plier aux exigences du régime se retrouvent souvent dans une situation précaire, luttant pour leur survie professionnelle.
Les Médias, baromètre de la démocratie…
Il est essentiel de rappeler que la presse est un pilier fondamental de toute démocratie. Elle joue un rôle crucial en informant le public, en favorisant le débat et en tenant les puissants responsables de leurs actions. Dans un pays où la diversité des voix est de plus en plus étouffée, le rôle des médias en tant qu’entité critique devient d’autant plus important.
La démocratie ne peut prospérer sans une presse libre et indépendante. Les médias doivent être en mesure d’interroger, d’analyser et de critiquer les décisions gouvernementales sans crainte de répression. La pluralité des opinions et la capacité à remettre en question le pouvoir sont indispensables pour garantir la transparence et la responsabilité.
L’indispensable réforme…
La déclaration de Jean Nkuete met en lumière une réalité préoccupante pour le paysage médiatique camerounais. Si le pays aspire à être une véritable démocratie, il est impératif de garantir un environnement où les médias peuvent fonctionner librement et efficacement. Cela nécessite une réforme en profondeur de la manière dont les médias sont soutenus, tant au niveau institutionnel qu’au niveau publicitaire.
Il est plus que jamais temps de reconnaître que la santé d’une démocratie se mesure également à la vitalité de ses médias. Le Cameroun doit redoubler d’efforts pour protéger et promouvoir une presse libre, afin de permettre à chaque citoyen d’accéder à une information riche et diversifiée, essentielle à la prise de décision éclairée.