La gestion du récent mouvement d’humeur qui a fait plusieurs morts à Nkoteng continue d’alimenter la controverse. Les autorités camerounaises sont pointées du doigt pour leur complaisance vis-à- vis de la société sucrière, filiale d’une multinationale dont le siège se trouve sur le territoire de l’Union européenne. Au menu des accusations, la répression et les atteintes aux droits des travailleurs.
Le Cameroun épinglé devant la Commission de Bruxelles
Par Thomas Tankou_____________
Le 5 février 2025, Marina Mesure, députée européenne, a adressé une lettre alarmante au commissaire chargé du commerce et de la sécurité économique de la Commission européenne. Dans sa correspondance elle tire la sonnette d’alarme sur la répression sans précédent des manifestants dans le secteur sucrier au Cameroun, particulièrement à Nkoteng. Cette situation tragique fait suite aux événements du 4 février, où des salariés de la Sosucam, entreprise majoritairement détenue par le groupe français Somdiaa, ont été violemment confrontés aux forces de l’ordre lors de leur revendication de paiements d’arriérés.
Un climat de tension insupportable…
Les témoignages recueillis font état de plusieurs morts parmi les manifestants, illustrant la gravité de la répression exercée à la fois par la direction de l’entreprise et les autorités camerounaises. Ce climat de violence et d’intimidation exacerbe une fissure sociale profonde au sein de l’entreprise. Les travailleurs, déjà vulnérables, se retrouvent pris entre la nécessité de revendiquer leurs droits et la peur des représailles.
Les autorités locales, en réponse à ces manifestations, ont choisi de réprimer plutôt que de dialoguer, renforçant ainsi un environnement hostile. Même s’il faut condamner les débordements de la part des manifestants qui ont causé des dégâts collatéraux, la réaction en face a été disproportionnée. Cette stratégie de répression syndicale, mise en lumière par le rapport d’enquête du syndicat camerounais des travailleurs saisonniers publié le 1er mai 2023, témoigne d’une dynamique inquiétante où les droits des travailleurs sont systématiquement ignorés.
Un appel à la vigilance…
Dans sa correspondance, Marina Mesure appelle les autorités européennes à prendre en compte le respect des droits de l’homme dans leurs relations commerciales avec le Cameroun. Elle souligne que la Sosucam, en tant qu’entité appartenant à un groupe alimentaire basé dans un État membre de l’Union européenne, doit être soumise à des normes strictes de responsabilité sociale et de respect des droits des travailleurs.
La députée insiste sur l’application de la directive 2024/1760 relative au devoir de vigilance des entreprises, qui vise à garantir que les entreprises respectent les droits humains et l’environnement tout au long de leur chaîne d’approvisionnement. Cette demande est d’autant plus urgente dans le contexte actuel où les travailleurs de la Sosucam se battent pour leurs droits fondamentaux dans un climat de tension et de répression constante.
Respect des droits humains…
La situation des travailleurs de la Sosucam est symptomatique d’un problème plus large de respect des droits humains au Cameroun. La répression des manifestations et la persistance d’un climat de peur et d’intimidation entravent non seulement la capacité des travailleurs à revendiquer leurs droits, mais créent également une fissure sociale qui pourrait avoir des conséquences durables sur la cohésion de l’entreprise.
Il est impératif que les autorités européennes agissent rapidement pour s’assurer que les entreprises opérant dans des pays comme le Cameroun respectent les droits des travailleurs et contribuent à un environnement de travail juste et équitable. La voix des travailleurs de la Sosucam doit être entendue, et leurs droits doivent être protégés.