La non-publication de la liste électorale nationale représente un danger pour la démocratie dans notre pays.
Le délibéré tant attendue relatif à cette affaire pendante devant la Cour d’appel du Centre se tiendra finalement ce 18 février, à 13 heures.
Décryptage.

Vers une criminalité électorale organisée au Cameroun ?

Par Thomas Tankou____________

Au cœur de ce débat, la non-publication de la liste électorale nationale par ELECAM (Elections Cameroon), un manquement qui remet en question les fondements mêmes de la démocratie.
Le compte-rendu d’audience produit par Maître Hippolyte Meli Tiakouang renseigne que, lors de l’audience, le Ministère Public, représenté par le Parquet Général, a refusé à la Cour le droit de contraindre le Directeur Général d’ELECAM à publier cette liste, qui aurait dû être rendue publique depuis le 30 décembre 2024. En s’associant à cette position, le Gouvernement et ELECAM soutiennent que les actes administratifs d’ELECAM échappent à la compétence du juge judiciaire, relevant plutôt du juge administratif.

Cependant, cette position soulève des inquiétudes majeures. La publication de la liste électorale nationale n’est pas une simple formalité administrative ; elle est un acte crucial pour garantir l’exercice du droit de vote. Un droit fondamental inscrit dans la Constitution. L’absence de cette liste non seulement entrave la transparence électorale, mais ouvre également la voie à des abus de pouvoir et prépare des fraudes potentielles, balisant le chemin à une criminalité électorale.

Deux arguments majeurs plaident en faveur de la compétence de la Cour d’appel. D’une part, la décision du Conseil Constitutionnel du 21 janvier dernier, qui affirme le devoir de la Cour de s’assurer du respect des droits électoraux. D’autre part, l’article 50 de la Constitution du Cameroun, qui confère à la Cour une compétence liée, lui permettant de contrecarrer les tentatives d’entrave à la démocratie.

Il est impératif de souligner que la non-publication de la liste électorale ne doit pas être vue isolément. Elle s’inscrit dans un contexte plus large de dégradation des institutions démocratiques au Cameroun.
Ce silence d’ELECAM pourrait être interprété comme un acte délibéré visant à brouiller les lignes de la transparence électorale, minant ainsi la confiance des citoyens dans le processus démocratique.

Les juges de la Cour d’appel, bien qu’en principe non liés par les réquisitions du Ministère Public, ont une responsabilité cruciale dans la sauvegarde des droits fondamentaux des citoyens. Leur décision attendue demain pourrait avoir des répercussions significatives sur l’avenir des élections au Cameroun, à un moment où la démocratie est déjà sous pression.

La situation actuelle appelle à une mobilisation des acteurs de la société civile et des partis politiques pour défendre les principes démocratiques et exiger la transparence. La publication de la liste électorale nationale n’est pas seulement une obligation légale, mais un impératif moral pour garantir que chaque citoyen puisse exercer son droit de vote en toute confiance.

Alors que le pays se prépare à cette décision judiciaire, il est essentiel de rester vigilant face aux menaces qui pèsent sur le processus démocratique. La non-publication de la liste électorale nationale par ELECAM est un avertissement clair : le respect du principe démocratique au Cameroun est enjeu crucial.

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