Selon des chiffres produits par l’Institut national de la statistique, environ quatre personnes sur dix sont pauvres au Cameroun. Soit environ 37,7%. Ainsi, sur une population estimée à près de 26,7 millions d’habitants en 2022, 10,1 millions de personnes vivent avec moins de 813 FCFA par jour, soit 24 724 FCFA par mois.
À l’Ouest Cameroun, la situation n’échappe pas à cette logique, à cause de la dictature des prix à l’import.
La concurrence déloyale des produits importés
Par Thomas Tankou_____________
La situation économique de la région de l’Ouest n’est pas loin de cette réalité.
Selon les mêmes estimations, 30 % de la population vivent avec moins de 1 000 FCFA par jour.
Ce constat met en lumière les défis structurels auxquels sont confrontés les producteurs locaux, qui peinent à rivaliser avec les produits importés.
La dictature des prix…
Il est paradoxal de constater que des produits comme le pain, fabriqué à partir de blé et de lait, parcourent plus de 6 000 km, tandis que des fruits voyagent sur plus de 10 000 km. Et pourtant, ils restent jusqu’à 100 fois moins chers que les produits locaux. Ce phénomène s’explique principalement par l’esprit de la collecte et les économies d’échelle.
Quand un producteur local doit se contenter de vendre 100 kg d’un produit alors qu’un concurrent étranger peut en écouler 10 000 tonnes, la compétition devient inégale.
Les coûts de production, de transport et de distribution sont inévitablement plus bas pour les grandes quantités, ce qui désavantage les petits producteurs de la région.
Limites des politiques d’import-substitution..
La politique d’import-substitution, prônée par le gouvernement, visait essentiellement à réduire la dépendance aux produits étrangers en favorisant la production locale. Cependant, cette approche a ses limites. Malgré des initiatives pour soutenir les agriculteurs locaux, la réalité du marché reste dominée par des importations à bas prix qui inondent le marché.
Les subventions et les incitations fiscales pour les producteurs locaux n’ont pas suffi à compenser les avantages de coût dont bénéficient les grandes entreprises internationales. De plus, l’accès limité au crédit pour les petits agriculteurs et les infrastructures insuffisantes pour la distribution des produits exacerbent encore la situation.
Augmenter le pouvoir d’achat…
Pour réellement améliorer le pouvoir d’achat dans la région de l’Ouest, il est crucial de repenser les stratégies économiques. Cela inclut entre autres :
-Le renforcement de la coopération entre producteurs : Encourager les coopératives peut aider à augmenter les volumes de production et à réduire les coûts.
-L’amélioration de l’accès aux financements : Des prêts à faible taux d’intérêt et des subventions ciblées peuvent aider les petits producteurs à investir dans leurs exploitations.
-Investir dans les infrastructures : Un meilleur accès aux routes et aux marchés permettrait de réduire les coûts de transport et d’améliorer la distribution des produits locaux.
-Éduquer les consommateurs : Sensibiliser la population à l’importance de consommer prioritairement les produits locaux peut contribuer à stimuler la demande.
Un déséquilibre profond…
La pauvreté dans la région de l’Ouest est le résultat d’un déséquilibre économique profond, exacerbé par une politique d’import-substitution qui, bien que bien intentionnée, n’a pas encore réussi à protéger les producteurs locaux. Pour sortir la tête de l’eau, il est impératif d’adopter des mesures plus efficaces et adaptées aux réalités du marché. Seule une approche intégrée et collaborative pourra véritablement transformer la situation économique de cette région.