Une correspondance signée le 2 avril dernier par le sous-préfet d’Ambam, Mveng Ndongo Yannick Antoine, suscite une vive controverse au Cameroun. Intitulée « Identification des personnes non autochtones vivant dans les villages de vos cantons », cette lettre invite les chefs de cantons à procéder à un recensement des populations non autochtones dans plusieurs unités de commandement traditionnel.

Une menace grave pour la cohésion sociale

Par Thomas Tankou_____________

Ce projet, présenté comme une mesure de renforcement de la sécurité et de promotion de la cohésion sociale, soulève des questions cruciales sur ses implications.

Une initiative controversée…

Le sous-préfet insiste sur l’importance d’identifier non seulement les personnes, mais aussi leur date d’arrivée, les superficies qu’elles exploitent, ainsi que leurs activités. Bien que ces informations puissent sembler anodines, elles revêtent un caractère stigmatisant. En ciblant spécifiquement les « non autochtones », cette initiative semble promulguer une vision étriquée de l’identité nationale, où certains Camerounais sont étiquetés comme étrangers sur leur propre terre.

Une dérive ségrégationniste…

La segmentation de la population sur des bases ethniques ou d’origine géographique peut entraîner des dérives graves. Tout d’abord, cela risque d’alimenter des tensions intercommunautaires, exacerbant des sentiments de méfiance et de rejet. Dans un pays qui se veut un et indivisible, cette démarche pourrait créer un fossé entre les différentes communautés, au lieu de les unir dans un esprit de fraternité.

De plus, la collecte de données sur des bases discriminatoires pourrait être utilisée à des fins politiques ou économiques, renforçant ainsi les inégalités et la marginalisation de certains groupes. Une telle cartographie des populations pourrait également faciliter des abus de pouvoir, où des individus seraient injustement ciblés ou discriminés en raison de leur origine.

Urgence d’une réflexion collective…

Face à cette situation, il est essentiel que les acteurs de la société civile, les leaders d’opinion et les responsables politiques s’engagent dans un dialogue constructif. La question n’est pas seulement celle de l’identification des populations, mais aussi de la construction d’une identité nationale inclusive qui reconnaît et célèbre la diversité.

Promouvoir le vivre-ensemble ne doit pas se faire au détriment de la dignité d’une partie de la population.
Au contraire, il s’agit de bâtir des ponts entre les communautés, et non construire des barrières. D’encourager le respect mutuel et de favoriser une véritable intégration, ciment de l’unité dans la diversité.

Eviter toutes formes de stigmatisation…

Le recensement ethnique proposé par le sous-préfet d’Ambam est une source de préoccupation qui mérite une attention urgente. Le Cameroun doit se rappeler que sa richesse réside dans sa diversité et que la cohésion sociale ne peut être atteinte qu’en rejetant toute forme de stigmatisation. La véritable sécurité et le développement durable passent par l’inclusion et le respect de tous ses citoyens, quelle que soit leur origine.

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