La récente opération qui s’est déroulée sur le terrain à Bafounda, et qui a révélé la présence de 91 personnes décédées encore inscrites sur les listes électorales, met en exergue une problématique cruciale pour la démocratie camerounaise : la fiabilité des listes électorales.
91 cas de personnes décédées, détectés à Bafoussam
Par Thomas Tankou___________
Ce constat alarmant n’est pas seulement un incident isolé, mais le reflet d’une réalité plus vaste, où l’intégrité des processus électoraux est mise à mal.
Une fraude massive en préparation…
La réticence d’Elecam à publier la liste électorale nationale, en dépit des exigences légales stipulées par le code électoral, soulève des soupçons légitimes quant à la possibilité de fraudes lors des élections à venir. Notamment la présidentielle d’octobre prochain. En ne rendant pas ces informations accessibles, l’institution crée un climat d’opacité qui favorise les abus. La situation à Bafounda est symptomatique d’un problème structurel : si un seul village peut identifier une telle quantité d’erreurs, il est raisonnable de supposer que d’autres localités sont également touchées.
Cette absence de transparence dans la gestion des listes électorales pourrait être exploitée par des acteurs malveillants, rendant l’intégrité des élections vulnérable. En ne procédant pas à une mise à jour régulière et rigoureuse des données, Electiond Cameroon ouvre la porte à des manipulations qui pourraient entacher le processus démocratique.
L’importance d’une participation citoyenne…
L’opération menée par les habitants de Bafounda, en collaboration avec les agents d’Elecam, illustre l’importance de la participation citoyenne dans la surveillance des listes électorales. Ce type d’initiative démontre que les communautés peuvent jouer un rôle-clé dans l’assainissement des bases de données électorales. En impliquant les citoyens, non seulement on renforce la transparence, mais on redonne également confiance à ceux qui se sentent souvent exclus du processus électoral.
Cependant, pour que cette dynamique locale ait un impact significatif, elle doit être intégrée dans une stratégie nationale plus large. Les efforts déployés à Bafounda doivent être systématisés et soutenus par des outils technologiques performants, garantissant une mise à jour régulière et sécurisée des listes.
Un appel urgent à une profonde réforme…
Pour remédier à cette situation, une réforme structurelle est impérative. La mise en place d’un système national automatisé, interconnecté avec les registres d’état civil et les bases sanitaires, est essentielle pour garantir la fiabilité des listes électorales. Cela permettrait non seulement de prévenir les fraudes, mais surtout d’assurer une gestion des données citoyennes plus efficace.
L’engagement des équipes d’Elecam à Bafounda doit être salué, mais il ne doit pas s’arrêter là. Il est crucial que ce succès soit dupliqué dans toutes les communes du Cameroun. Et que les autorités prennent au sérieux l’exigence de transparence inscrite dans le code électoral.
Un avertissement et une opportunité…
La situation à Bafounda est à la fois un avertissement et une opportunité. Elle souligne les lacunes dans la gestion des listes électorales tout en démontrant le potentiel d’une mobilisation citoyenne efficace. Pour construire une démocratie plus crédible, inclusive et durable au Cameroun, il est essentiel de mettre en œuvre des réformes qui garantissent la transparence et la fiabilité des processus électoraux. La voie à suivre est claire : unir les efforts dans une synergie d’actions pour renforcer le système démocratique au Cameroun.