Dans un pays l’on parle de démocratie comme on parlerait d’un plat raffiné que l’on n’a jamais goûté, la scène est mise en place.
Des Camerounais, armés de leur seule volonté de changement, se rassemblent pacifiquement pour revendiquer leurs droits. Mais attention ! Ce n’est pas sans
risque. Car ici, manifester, c’est inviter la mort à la fête. Qu’importe, ils veulent tuer au moins 50 Camerounais, au nom de Kamto. C’est la quintessence de la sortie d’un thuriféraire du régime qui sature les réseaux sociaux.
Quand le droit de manifester devient un crime
Par Thomas Tankou______________
Ah, la rhétorique bien huilée des autorités ! « Ceux qui demandent à l’État de droit, le respect des libertés et le développement sont responsables des morts qui pourraient survenir. » Oui, vous avez bien entendu ! Les citoyens qui osent lever la voix pour un avenir meilleur seraient, selon cette logique déconcertante, les véritables coupables. Il est vrai que dans un monde où le noir est blanc et où le droit de manifester est synonyme de mort, la vérité devient un concept aussi éphémère qu’une bulle de savon.
Au Sénégal, la tendance est déjà à la mode : on tire sur les citoyens à mains nues et on blâme ensuite ceux qui ont eu l’audace de revendiquer leur droit à la vie. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?
Au Cameroun, on pourrait tout aussi bien instaurer une médaille pour ceux qui commandent aux forces de l’ordre de tirer sur des manifestants pacifiques. Parce que, après tout, il faut bien que quelqu’un prenne la responsabilité du sang versé, n’est-ce pas ?
Et là, voilà notre Président, héros autoproclamé, affirmant qu’il ne sera jamais complice d’un tel crime. « Je refuse d’être un criminel », déclare-t-il, comme si le simple fait de le dire suffisait à effacer des décennies de répression. C’est presque touchant, cette tentative de se présenter en champion des libertés, alors même que les balles siffleraient autour de ceux qui osent contester.
Mais attendez ! Il promet également que, les marches et manifestations seront « totalement libres ». Ah, quelle promesse ! Une liberté encadrée, comme une belle plante dans un pot trop petit, condamnée à ne jamais s’épanouir.
Qui aurait cru qu’on puisse encadrer la liberté ? Peut-être qu’un jour, on mettra cela dans le livre des records comme le plus grand paradoxe de l’histoire.
Alors, à quand le référendum pour savoir si les Camerounais veulent réellement vivre sous un régime où l’expression de la volonté populaire est traitée avec autant de mépris ? Ou même, pourquoi pas, un vote sur la légitimité de la présidence elle-même ? Parce que, soyons honnêtes, si la voix du peuple est si redoutée, c’est peut-être qu’elle est plus forte qu’on ne le pense.
En somme, la comédie tragique continue. Les promesses de liberté se heurtent à la réalité d’une répression sournoise. Et pendant que les autorités s’évertuent à maintenir le statu quo, le peuple, lui, attend. Attendre un jour où il pourra enfin crier haut et fort son désir d’alternance, sans craindre d’en payer le prix ultime. Voilà la véritable tragédie qui se dessine à l’horizon.
Pleure Ô pays bien aimé…