La grande salle des Actes de l’université de Yaoundé II à Soa, s’est transformée en un carrefour d’idées et de réflexions sur la pensée africaine. Ce 5 juin, des experts, universitaires et acteurs du secteur informel s’y sont réunis pour discuter de l’accès au financement dans une économie souvent perçue à travers le prisme occidental.
Vers l’adoption d’une stratégie commune, sur l’économie informelle
Par Thomas Tankou_____________
Le professeur Pierre Nguimkeu, intervenant principal et économiste de renom, a enrichi le débat en soulignant la nécessité de repenser notre approche économique. « Nous faisons la plupart de nos choses en Afrique sous le prisme occidental, c’est pour cela que ça ne marche pas. L’Africain doit faire ses choses selon sa conception, » a-t-il affirmé, appelant à une réévaluation des paradigmes existants.
L’économie informelle : Une réalité africaine…
L’économie informelle, souvent stigmatisée, est en réalité au cœur de l’économie africaine. Le professeur Nguimkeu a insisté sur le fait que « l’économie dite informelle est en fait l’économie africaine. » Il a plaidé pour une dissociation de ce stéréotype négatif, en affirmant que cette dynamique économique mérite d’être valorisée et comprise dans son contexte propre.
Les entrepreneurs africains, souvent confrontés à des obstacles majeurs tels que le manque d’accès au crédit, subissent des pertes considérables en termes de bien-être. « Le manque d’accès au crédit chez les entrepreneurs potentiels crée des pertes substantielles de bien-être, et dans une économie comme celle du Cameroun, ces pertes sont énormes. » A-t-il conclu, mettant en lumière l’urgence d’une réforme du système de financement.
Une économie extravertie : Entre production et consommation…
L’extraversion de l’économie africaine est palpable. Les populations produisent souvent des biens qu’elles ne consomment pas et consomment ce qu’elles ne produisent pas. Cette dichotomie souligne un déséquilibre structurel, qui appelle à une introspection profonde sur les capacités de production locales et sur les besoins réels des consommateurs africains.
Dans ce contexte, il est essentiel de développer des modèles économiques qui favorisent une autosuffisance et une consommation de produits locaux. L’innovation et la créativité des entrepreneurs africains doivent être encouragées, afin de bâtir une économie résiliente qui répond aux besoins de sa population.
Encourager une réévaluation des paradigmes économiques…
Les Journées Scientifiques de la Pensée Africaine ne sont pas seulement une plateforme d’échanges, mais un appel à l’action pour repenser notre économie.
L’Afrique a ses réalités, ses défis et ses opportunités. Il est temps de définir notre propre voie, en mettant en avant notre potentiel et en créant un environnement propice à l’épanouissement des entreprises du secteur informel.
En fin de compte, comme l’a souligné le professeur Nguimkeu, il est impératif de sélectionner ceux qui ont un talent admirable et un fort potentiel, plutôt que d’enrichir ceux qui sont déjà riches. L’avenir de l’économie africaine repose sur une réflexion collective et une volonté de changement.