À quelques semaines de la convocation du corps électoral, l’on assiste à un branle-bas général dans les trois régions septentrionales du Cameroun.
Mamadou Mota, Dr Boutche et les autres mobilisent les laissés-pour-compte en faveur du candidat du Mrc et des forces du changement.
Issa Tchiroma rompt l’alliance alimentaire avec le Rdpc, Bello Bouba lui aussi, est sur une voie de rupture irréversible. La jeunesse du Grand-nord quand-à elle a changé de logiciel.
In fine, le scénario de “tout sauf Biya” se dessine…

La “fille aînée du Renouveau” se rebelle…

Par Thomas Tankou____________

Souvent présenté comme uni derrière Paul Biya, le Septentrion camerounais tourne-t-il le dos au régime de Yaoundé ? A l’approche des élections présidentielles d’octobre prochain, le climat politique dans le Grand-nord est en pleine effervescence. Les acteurs politiques, traditionnellement en désaccord et souvent centrés sur des intérêts individuels, semblent à nouveau se mobiliser, mais cette fois avec une intensité particulière.

Mobilisation des forces émergentes

Des figures montantes telles que Mamadou Mota, Dr Boutche et les autres s’emploient à rassembler les laissés-pour-compte autour du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc) et d’autres forces du changement autour de la candidature de Maurice Kamto. Leur objectif est clair : créer un front uni face au pouvoir en place. Cette mobilisation, bien qu’encourageante, soulève des questions sur la cohésion de l’opposition et la capacité à transcender les intérêts personnels.

D’un autre côté, Issa Tchiroma, du Front pour le Salut National du Cameroun (Fsnc), a rompu l’alliance avec le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), affichant une volonté de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Ce schisme illustre l’éclatement des alliances traditionnelles, mais il pose également la question de savoir si Tchiroma pourra réellement s’affranchir des dynamiques de pouvoir qui ont historiquement miné l’efficacité de l’opposition.

Une rupture avec l’establishment…

Bello Bouba, de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (Undp), est également sur une voie de rupture. Son rapprochement avec Maurice Kamto, lors de la convention du Mrc en novembre 2023 au palais des congrès de Yaoundé, a suscité des réactions mitigées. Bien que cette alliance puisse sembler prometteuse, elle risque de refléter davantage des jeux d’intérêts individuels qu’une véritable volonté de changement. La jeunesse du Grand-Nord, souvent perçue comme un immense réservoir de voix dans cette région du Cameroun, semble avoir changé de logiciel. Mais reste-t-elle unie derrière une seule vision ? Rien n’est moins sûr. Même si les Abdouramane Amadou, Guibai Gatama et bien d’autres forces montantes semblent avoir embouché eux-aussi les trompettes de la rupture d’avec l’ordre ancien.

Le scénario de “Tout sauf Biya”…

La montée du slogan “tout sauf Biya” est révélatrice d’un ras-le-bol généralisé. Cette dynamique pourrait potentiellement rassembler des voix désireuses de changer le statu quo. Néanmoins, l’histoire politique du Cameroun montre que les divisions internes et les ambitions personnelles ont souvent plombé le développement du Septentrion. Les enjeux sont donc cruciaux : les leaders parviendront-ils à transcender leurs intérêts individuels pour forger une véritable alliance capable de provoquer l’alternance tant souhaitée depuis plus de quarante années de pontificat présidentiel de Paul Biya ?

Des signaux positifs, malgré de grands defis à surmonter…

Le paysage politique du Septentrion est à un tournant de l’histoire du Cameroun. La mobilisation des forces émergentes et la rupture avec l’establishment sont des signaux positifs, mais les défis demeurent importants. La fragmentation des rangs et les ambitions personnelles pourraient encore une fois freiner le développement de cette région, riche en potentiel mais souvent négligée. Les mois à venir seront décisifs pour voir si cette dynamique se transforme en une véritable force politique unie et efficace. L’alternance tant rêvée par des générations entières de Camerounais en dépend.

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