Des centaines de mineurs inscrits sur les listes électorales, des institutions aux ordres du régime, une opposition bâillonnée. Le scrutin du 12 octobre s’annonce déjà comme une farce orchestrée par le pouvoir pour conserver le pouvoir.

Le grand hold-up électoral en marche

Par Pierre Gaëtan Ngankam__________

Une fois encore, le peuple camerounais est appelé à l’indignation, puis à l’action.
Le scandale est d’une gravité extrême : des mineurs, certains âgés de seulement 10 ans, ont été identifiés sur les listes électorales officielles en vue de la présidentielle du 12 octobre 2025. La révélation a été faite le 24 juillet par Kah Walla, figure de la société civile, qui a produit des preuves accablantes sur les réseaux sociaux. Ces inscriptions frauduleuses montrent un niveau de manipulation qui dépasse l’imaginable.

Alors que Elecam, l’organe en charge de l’organisation des élections, avait promis transparence et rigueur, il est aujourd’hui au cœur d’une vaste entreprise de falsification massive du corps électoral. Les Camerounais n’ont toujours pas eu accès à la liste électorale nationale, un document pourtant fondamental à toute élection crédible. L’opacité est totale, volontaire, institutionnalisée.

Elecam, bras électoral du régime

Derrière cette farce électorale se cache un jeu trouble entre Elecam et le Rdpc, le parti au pouvoir depuis 40 ans. Loin d’être un arbitre indépendant, Elecam agit comme une succursale politique du régime de Yaoundé. Il sous-traite le toilettage du fichier électoral à des prestataires douteux, sans audit public, sans contrôle citoyen. À travers ces mécanismes opaques, des milliers de noms fictifs, de personnes décédées ou inéligibles pourraient bien venir gonfler artificiellement les résultats.

Un fichier électoral truffé d’anomalies, des électeurs introuvables, des mineurs enrôlés, des doublons à foison, et toujours aucun recensement biométrique indépendant : voilà la réalité d’une élection dont le résultat semble écrit d’avance.

Un Conseil constitutionnel juge et partie

Le peuple camerounais ne peut même plus espérer un recours institutionnel. Le Conseil constitutionnel, censé être le gardien ultime de la légalité électorale, est dirigé par des figures notoirement proches du Rdpc. En 2018, cette instance avait déjà rejeté tous les recours, malgré des preuves de fraudes dans plusieurs circonscriptions.

Cette année encore, alors que Maurice Kamto a saisi la juridiction pour contester l’irrégularité du fichier électoral, le silence complice des juges préfigure un rejet mécanique. À la tête de l’institution, Clément Atangana, militant connu du parti au pouvoir, a déjà publiquement affirmé son soutien au président sortant. Le conflit d’intérêts est flagrant, la crédibilité de l’organe réduite à néant.

Kamto sous pression, l’opposition sous bâillon

Principal opposant du régime, Maurice Kamto fait l’objet d’un harcèlement judiciaire grossier. Des militants manipulés déposent plainte contre lui pour des dettes privées. Tandis que l’administration Rdpc multiplie les manœuvres pour invalider sa candidature, en s’appuyant sur des formalismes absurdes.

En filigrane, c’est un seul objectif : empêcher la candidature du seul homme capable de rassembler l’opposition et de représenter une véritable alternance. Kamto, qui avait rassemblé des foules historiques en 2018, est plus que jamais la cible numéro un du régime.

Un scrutin verrouillé, un avenir confisqué

Les éléments sont désormais clairs : l’élection du 12 octobre n’est ni libre, ni équitable, ni transparente. C’est un processus verrouillé, mis en scène pour légitimer un pouvoir qui refuse de céder, malgré 43 ans de règne d’un président absent, usé, à 92 ans, qui ne gouverne plus mais règne par procuration.

Face à cela, le silence serait une faute historique. Accepter ces manipulations, c’est renoncer à l’avenir. Le peuple camerounais est appelé à un sursaut.

Peuple camerounais, le moment est venu de prendre tes responsabilités.
Ne restez pas spectateurs de votre propre dépossession. Exigez la publication immédiate du fichier électoral, demandez des audits indépendants, interpellez les institutions, soutenez une opposition unie. Et si le régime persiste à voler le vote, préparez-vous à descendre dans la rue, pacifiquement mais fermement.

Car le droit de choisir vos dirigeants est sacré. Et quand ce droit est piétiné, il revient au peuple de le défendre.

L’histoire ne pardonnera ni l’indifférence, ni la résignation. Le Cameroun vaut mieux que cela. À vous de l’écrire.

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