L’ancien ministre de l’emploi et de la formation professionnelle a fait sensation ce jour face à la presse en se positionnant comme le Candidat de la Transition après sa sortie du gouvernement Biya.
Issa Tchiroma Bakary : Le Grand bluff de la transition
Par Thomas Tankou____________
Ses déclarations audacieuses, centrées sur des réformes institutionnelles, semblent susciter un mélange d’espoir et de scepticisme au sein de l’opinion publique camerounaise.
Une vision ambitieuse…
Lors de sa conférence, Tchiroma a présenté un programme ambitieux axé sur des réformes qui, selon lui, transformeront le paysage politique du pays. Parmi ses propositions phares, il a évoqué :
-Un mandat unique de transition ;
-Un gouvernement d’union patriotique ;
-La préparation et le transfert du pouvoir à une nouvelle génération ;
-Une révision du code électoral, incluant un bulletin unique et une présidentielle à deux tours ;
-L’adoption d’un fédéralisme comme forme d’État ;
Ces mesures, bien que séduisantes, soulèvent une question cruciale : comment Tchiroma, qui a servi le régime Biya depuis les années 1990, peut-il prétendre être le champion d’une transition fondamentale ?
Un paradoxe inéluctable…
La carrière politique de Tchiroma est intimement liée à celle de Paul Biya, le président actuel. En tant qu’ancien ministre, il a été un acteur clé du système qu’il critique aujourd’hui. Son souhait de réformer un cadre qu’il a autrefois soutenu soulève des doutes quant à sa sincérité. Peut-on réellement croire qu’un homme ayant été aux commandes des affaires publiques pendant tant d’années peut incarner un changement radical ?
Les Camerounais sont en droit de s’interroger sur la légitimité de ses aspirations. La transition qu’il prône semble plus être une manœuvre politique qu’un véritable désir de changement. Pour beaucoup, son discours pourrait être perçu comme une tentative désespérée de se repositionner sur l’échiquier politique en vue des élections présidentielles du 12 octobre prochain.
Un débat politique élargi…
Les propositions de Tchiroma, bien qu’elles aient le potentiel d’animer le débat politique, risquent de ne pas convaincre ceux qui voient en lui un produit du système en place. La question de la transition dans un pays où les élites politiques ont souvent été accusées de vouloir maintenir le statu quo sera au cœur des discussions dans les mois à venir.
Pour l’instant, le défi pour Tchiroma est de prouver qu’il est véritablement l’agent du changement qu’il prétend être, et non un simple continuateur d’un régime contesté. La transition politique au Cameroun ne se résume pas à des slogans, mais nécessite une volonté réelle de rupture avec le passé.
Les jours à venir seront décisifs pour l’ancien ministre, alors que les Camerounais scrutent ses actions et ses engagements. Le temps dira si Issa Tchiroma Bakary est vraiment le candidat d’une transition tant espérée ou simplement un bluff dans le jeu politique camerounais.