C’est avec un réel soulagement que l’opinion nationale et internationale a appris la libération sans effusion de sang, des otages enlevés par la secte islamique boko Haram dans l’extrême-nord du Cameroun. Pourtant, le déficit de communication autour de cet événement tragique avait fini par faire croire aux Camérounais que l’Etat avait abandonné des familles en détresse. Happy end…
Où sont passées les sommes collectées par l’influenceur N’zui Manto & Cie ?
Par Thomas Tankou___________
Une victoire éclatante, attribuée à nos forces de défense et de sécurité, mais des zones d’ombre persistantes, qui refroidissent cette victoire.
Les Camerounais attendent de sieur Narcisse Njike connu sous le pseudonyme de N’zui Manto qu’il leur explique l’utilisation des fonds levés pour le paiement de la rançon.
La libération hier des otages enlevés par la secte islamique Boko Haram a suscité un immense soulagement au sein de la population camerounaise et au-delà de nos frontières. Si l’opération menée par les forces de défense et de sécurité (Fds) a permis de sauver la vie de quatre enfants, le tragique assassinat de l’un d’entre eux rappelle la brutalité de cette organisation terroriste.
Les Camerounais, unis dans leur soutien aux forces de défense, saluent la dextérité et le professionnalisme du Bataillon d’Intervention Rapide (Bir), qui a été le maître d’œuvre de cette brillante et méticuleuse opération.
Cependant, au milieu de cette victoire, une question brûlante se pose : que sont devenues les sommes collectées par l’influenceur N’zui Manto, qui a mobilisé plus de 6 millions de Francs CFA pour aider la famille à payer la rançon exigée par les ravisseurs ? Les récentes déclarations de N’zui Manto, relayées sur ses plateformes numériques, soulèvent plus de doutes qu’elles n’apportent de réponses.
Une levée de fonds controversée…
Le lanceur d’alerte a révélé que malgré les fonds collectés et remis à Mme Nga la mère des enfants, cet argent n’a pas été renversé aux ravisseurs. Selon ses dires, des individus se faisant passer pour ces ravisseurs ont harcelé cette dernière, lui demandant de leur verser la somme en échange de la libération de ses enfants.
Cette situation alambiquée est exacerbée par le manque de communication claire de la part des autorités camerounaises.
L’implication de Issa Tchiroma l’un des douze candidats à l’élection présidentielle d’octobre, qui a versé 500 000 Francs Cfa à la maman des enfants, complexifie encore davantage cette affaire. La transparence est essentielle dans de telles situations, surtout quand des sommes considérables et la crédibilité des autorités camerounaises sont en jeu.
L’absence d’informations précises n’a fait qu’alimenter les spéculations et les suspicions au sein de l’opinion publique.
L’importance de la communication gouvernementale…
Le gouvernement camerounais a indéniablement réalisé un exploit inédit en libérant ces otages sans effusion de sang. Mais la gestion de la communication autour de cette opération questionne. Dans des moments aussi critiques, une transparence accrue est cruciale pour instaurer la confiance et rassurer les familles des victimes et les populations en général. Le silence ou les informations vagues ne font qu’ouvrir la porte à des interprétations erronées et à des controverses inutiles.
Il est impératif que les autorités ouvre une enquête pour établir les responsabilités dans cette scabreuse affaire. Surtout pour clarifier les circonstances de la collecte de fonds et la situation financière entourant cette affaire qui implique également un candidat à l’élection présidentielle.
Une communication proactive pourrait non seulement apaiser les inquiétudes, mais surtout renforcer le soutien à nos forces de défense.
Une victoire à célébrer…
La libération des otages est une victoire à célébrer, mais elle est ternie par des zones d’ombre qui nécessitent une attention urgente.
Le gouvernement doit faire la lumière sur cette affaire pour restaurer la confiance des Camerounais. Cette tragique situation ne doit pas être utilisée à des fins politiques, mais plutôt servir de leçon sur l’importance de la transparence et de la communication dans la gestion des crises. Les Camerounais méritent des réponses claires et honnêtes, surtout lorsque des vies sont en jeu.
Chapeau bas à nos forces de défense et de sécurité !