Le rejet par une cour aux ordres de la requête introduite par l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Cameroun, soulève une fois de trop des questions cruciales sur l’intégrité et l’impartialité des institutions judiciaires du pays.
Un déni de justice de trop, au service du parti au pouvoir
Par Cyprien Afana_____________
La requête du candidat investi par le parti Univers jugée non justifiée par le Conseil, est perçue par de nombreux observateurs comme une simple formalité visant à valider un ordre établi, renforçant ainsi l’idée d’une institution plus préoccupée par la légitimation des décisions favorables au pouvoir en place que par la défense des principes constitutionnels.
Une institution sous influence…
La composition du Conseil constitutionnel, dont les membres sont exclusivement issue du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc), jette une ombre sur son impartialité. Les critiques abondent, soulignant que cette cour ne peut pas être véritablement indépendante lorsqu’elle est constituée de membres alignés sur les intérêts du parti au pouvoir. Ce manque d’impartialité est particulièrement inquiétant, car il compromet la capacité du Conseil à rendre des jugements justes et équitables, notamment sur des questions électorales cruciales.
Le rejet de la requête d’Akere Muna rappelle douloureusement l’invalidation de la candidature de Maurice Kamto le disqualifiant de la présidentielle d’octobre prochain. Un épisode qui a profondément marqué les esprits et exacerbé le sentiment de déni de justice. Cette décision, fondée sur des arguments discutables, a renforcé la conviction que le Conseil constitutionnel agit davantage comme un instrument politique que comme un garant de la Constitution.
Le déni de justice : Une menace pour la démocratie…
Le rejet de la requête d’Akere Muna n’est pas qu’une simple question juridique ; il symbolise un déni de justice qui fragilise les fondements mêmes de la démocratie camerounaise. Alors que les citoyens aspirent à une justice électorale équitable, la réalité d’un Conseil constitutionnel perçu comme un bras séculier du pouvoir alimente le scepticisme et l’apathie. L’absence de contre-pouvoirs effectifs compromet l’avenir démocratique du pays et accentue la défiance populaire envers les institutions.
La démocratie ne peut se consolider que si les organes chargés d’arbitrer les élections assument leur rôle de manière indépendante et impartiale. En l’état actuel, le Conseil constitutionnel, en tant qu’entité alignée sur les intérêts du Rdpc, alimente la perception d’une démocratie de façade, éloignée des aspirations véritables du peuple camerounais.
Une interrogation historique…
La candidature de Paul Biya, dans ce contexte, soulève encore davantage d’interrogations sur la légitimité du processus électoral. Les doutes quant à la capacité de l’État à garantir un cadre démocratique solide persisteront tant que les institutions continueront à fonctionner sous la houlette d’un pouvoir partisan. Le Cameroun est confronté à une question existentielle : peut-il espérer un avenir démocratique solide si ses institutions demeurent inféodées à une logique partisane ?
Le rejet de la requête d’Akere Muna est donc moins une surprise qu’un révélateur des fragilités d’un système où l’État de droit peine à s’imposer. La nécessité d’une réforme en profondeur des institutions judiciaires et électorales est plus pressante que jamais. Pour que le Cameroun puisse aspirer à une démocratie véritablement pluraliste, il est impératif que les organes de justice retrouvent leur indépendance et leur intégrité, afin de restaurer la confiance du peuple dans ses institutions.