Par Cyprien Afana____________

L’inauguration de l’avenue Paul Biya, le 20 août dernier, par le vice-Premier ministre Jean Nkuété, aurait dû être un moment de célébration pour les autorités locales et les partisans du chef de l’État. Cependant, cet événement, présenté comme une avancée moderne pour le département des Bamboutos, a rapidement été entaché par une réaction populaire violente, mettant en lumière une réalité politique bien plus complexe. Evocation.

La plaque commémorative du « Avenue Paul Biya » arrachée nuitamment par des mécontents en furie

Par Cyprien Afana____________

L’avenue, longue de 2100 mètres, a été conçue pour incarner le Renouveau, avec un éclairage flamboyant et des aménagements urbains modernes. À l’angle de cette artère, un imposant light box arbore le portrait de Paul Biya, flanqué de la mention « Son Excellence Monsieur Paul Biya ».
Cette infrastructure, parée de trottoirs spacieux et d’une signalisation soignée, semble être le reflet d’un investissement dans l’image du pouvoir en place.

Cependant, derrière cette façade de modernité, se cache une manipulation politique qui suscite des interrogations. L’avenue, qui portait auparavant le nom d’Avenue Ahmadou Ahidjo, a été rebaptisée dans un contexte électoral tendu, alors que le pays se prépare pour la présidentielle du 12 octobre prochain.

Un élan de contestation…

La réaction de la population n’a pas tardé. Dans la nuit suivant l’inauguration, des groupes en colère ont vandalisé la plaque commémorative, en signe de rejet d’une élite politique perçue comme déconnectée des réalités du peuple. Cette violence, bien que regrettable, témoigne d’un ras-le-bol grandissant face à des décennies de gouvernance jugée calamiteuse.

Les Bamboutos, comme d’autres régions du Cameroun, ont souffert des conséquences d’une gestion inefficace des ressources et d’une corruption endémique.
Les promesses de développement semblent s’éloigner, tandis que les populations ressentent un décalage entre leurs besoins réels et les initiatives imposées par une élite politique qui ne semble pas à l’écoute.

L’imposture d’une élite…

L’imposition d’un Paul Biya, dont la popularité est en chute libre, soulève des questions sur la légitimité de cette démarche. Les tentatives de redorer l’image du chef d’État à travers des projets d’infrastructure à la veille d’une élection apparaissent comme une manœuvre désespérée, visant à manipuler l’opinion publique.

Les Bamboutos, en tant que bastion historique du Rdpc, méritent plus qu’une avenue flambant neuve : ils aspirent à un véritable changement, à une écoute sincère de leurs aspirations. La colère exprimée par les citoyens lors du vandalisme de la plaque est symptomatique d’un besoin urgent d’un leadership authentique, ancré dans la réalité quotidienne des Camerounais.

Le reflet d’une fracture sociale profonde…

La vandalisation de la plaque de l’avenue Paul Biya est un signe d’expression du désespoir. Ce geste est également le reflet d’une fracture sociale profonde. À quelques semaines de la présidentielle, le défi pour l’élite politique locale est de reconquérir la confiance d’un peuple qui se sent trahi. La route vers un avenir meilleur ne pourra se faire qu’en reconnaissant les erreurs du passé et en engageant un dialogue sincère avec tous les citoyens, au lieu d’imposer des noms et des projets qui ne résonnent plus avec la réalité des Bamboutos, la frondeuse…