Le 3 septembre dernier, l’Association « Kwemtche », une organisation à but mémoriel était appelée à comparaître par devant le Tpi de Dschang, suite à une assignation en référé émanant des ayants droit de feu Penka Michel.

L’association « Kwemtche » estée en justice au Tribunal de première instance de Dschang

Par Thomas Tankou_____________

Cette assignation, qui survient après la diffusion d’un documentaire par la chaîne de télévision Vox Africa, soulève des questions cruciales sur la mémoire historique et le rôle de la France dans les violences coloniales au Cameroun.

Contexte de l’assignation…

Le film documentaire intitulé « Penka Michel : Toponymie controversée d’une circonscription administrative » met en lumière les actions controversées de Penka Michel, un notable local, pendant la période coloniale. Les descendants de Michel cherchent à interdire la diffusion de ce film, arguant qu’il porte atteinte à l’image de leur ancêtre, qu’ils qualifient de « héros national ».
Cependant, le documentaire présente des témoignages et des archives qui révèlent un homme aux actions contestables, complice des exactions de l’armée française contre les populations locales.

Un passé sombre révélé..

Les témoignages recueillis dans le documentaire décrivent Penka Michel comme un acteur-clé des opérations de répression menées par l’armée française, notamment pendant les années 1960. Il est accusé d’avoir collaboré avec les autorités coloniales, facilitant des atrocités telles que des tortures et des massacres. Ces révélations font écho à la récente reconnaissance par le président français Emmanuel Macron des violences exercées par la France au Cameroun, admettant que des « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » ont été perpétrés durant cette période sombre de l’histoire coloniale.

La responsabilité de la France…

Jusqu’à récemment, le gouvernement français avait longtemps nié son implication dans les violences au Cameroun. Cette reconnaissance officielle marque un tournant dans la manière dont la France envisage son passé colonial, mais soulève également des questions sur la manière dont cette histoire est enseignée et discutée. Les descendants de Penka Michel tentent aujourd’hui d’imposer une version de l’histoire qui minimise les atrocités commises, cherchant à étouffer un nécessaire débat qui nécessite d’être revisité.

Appel à la réconciliation…

L’Association « Kwemtche », pour sa part, plaide pour un dialogue ouvert entre les descendants de Penka Michel et les familles des victimes. Elle met en avant l’importance de construire une mémoire collective qui n’ignore pas les souffrances du passé. Les procédures judiciaires, selon l’association, ne sauraient effacer la réalité des faits historiques. Au contraire, elles risquent d’accentuer les divisions et de retarder le processus de réconciliation.

Confrontations autour d’un héritage controversé…

Ce procès ne sera pas seulement une confrontation autour de l’héritage de Penka Michel, mais également un moment clé pour aborder les blessures encore béantes de l’histoire coloniale au Cameroun. La reconnaissance des crimes commis par la France doit servir de point de départ pour une discussion honnête et réparatrice. Le chemin vers la guérison collective passe par la vérité historique, et il est impératif que toutes les voix, y compris celles des victimes, soient entendues.

La lutte contre l’amnésie collective est essentielle pour assurer que les erreurs du passé ne se répètent pas.
Il est plus que jamais temps d’affronter ces vérités difficiles et de construire un avenir basé sur la compréhension et la mémoire partagée.