En dépit de multiples témoignages mettant en relief les atrocités causées par feu Penka Michel aux populations de l’arrondissement éponyme, la partie civile estime que, produire un film mémoriel sur un sujet aussi dramatique, constitue une offense au président de la République qui a donné le nom à cet arrondissement. L’affaire est renvoyée au 7 octobre prochain au Tpi de Dschang.

Glissement de l’affaire, du giron judiciaire vers le terrain politico-médiatique

Par Thomas Tankou______________

Le procès opposant Maître
Penka Michel, le fils de l’autre à l’association « Kwemtche » et le Pr Charles Soh, met en lumière les tensions entre le judiciaire et le politique, révélant les complexités et les pressions qui entourent les affaires sensibles en période de turbulences sociopolitiques.

Prétexte, texte et contexte…

Penka Michel, figure controversée de l’arrondissement éponyme, est accusé de graves atrocités pendant les années 60, à l’encontre des populations locales. Et en dépit des témoignages accablants, la partie civile estime que, produire un film mémoriel sur ces événements douloureux ayant émaillé l’histoire coloniale du Cameroun, est un crime. Pourtant, même la France qui jusqu’à un passé récent refutait cette thèse, est passée aux aveux complets, en déclassifiant les archives y relatives.
Cette tentative d’imposer l’omerta sur le sujet a provoqué le courroux de l’un des multiples témoins présents à la dernière audience au Toi de Dschang.
Ce dernier, a tenté en vain de donner sa version des faits en tant que témoin oculaire des atrocités commises par cet Upeciste de première heure, que le colon avait réussi à retourner contre ses frères.
L’un des deux représentants du ministère public qui, visiblement subit des pressions en tous genres invoque des arguments juridiques qui, à y regarder de près, semblent plus relever d’une stratégie politicienne que de réelles arguments adossés sur des textes de lois.

Les pressions exercées…

L’intervention de Maître Penka au cours de l’audience révèle un cafouillage flagrant au sein du système judiciaire. En insistant sur l’absence d’une autorisation de production et de diffusion délivrée par le ministre de la Culture, il semble vouloir détourner l’attention des véritables enjeux du procès. Ce type de manœuvre peut créer un climat de peur et de pression sur les magistrats, les forçant à naviguer dans des eaux troubles d’un chantage savamment enchevêtré, où les implications politiques sont omniprésentes en cette période pré-électorale.

Il est également important de noter que Penka Michel n’a pas lui-même fourni de preuves tangibles d’une interdiction provenant du ministère de la Culture. Cette absence de preuve soulève des questions sur la crédibilité de ses déclarations et sur l’utilisation des arguties pour intimider les acteurs du procès.

Le rôle du juge…

Le juge, en tant qu’arbitre impartial, se retrouve dans une position délicate. Les pressions politiques et médiatiques, exacerbées par des menaces à peine voilée, peuvent influencer les décisions judiciaires. Le fait que l’affaire ait été mise en délibéré jusqu’au 7 octobre 2025 souligne l’incertitude qui entoure ce procès, pourtant inscrit au rôle du Tribunal de première instance de Dschang, en référé d’heure à heure.
Cette attente peut également être interprétée comme un moyen de permettre au juge de se protéger face à d’éventuelles répercussions.

Glissement inquiétant du giron judiciaire vers le terrain politique…

Le procès Penka Michel contre l’association « Kwemtche » illustre le glissement inquiétant du giron judiciaire vers le terrain politique. Les manœuvres d’intimidation et les cafouillages juridiques ne font qu’accentuer la complexité de l’affaire. Ce cas sert d’alerte sur les dangers que représente l’interférence politique dans le système judiciaire, et rappelle l’importance de préserver l’indépendance des magistrats face aux pressions externes.

Dans un contexte où les droits des victimes et la vérité historique sont en jeu, il est impératif que la justice puisse fonctionner sans entrave pour garantir un procès équitable et impartial.
Le verdict qui sera probablement rendu le 7 octobre sera crucial non seulement pour les parties impliquées, mais aussi pour l’ensemble du système judiciaire et les mémoires collectives.