L’annonce du ministre de la Fonction publique, Joseph Le, concernant la radiation de 5 936 personnels émergeant au budget de l’État lors de l’Opération de comptage physique du personnel de l’État (Coppe), soulève des enjeux cruciaux pour la gestion des ressources humaines et la santé financière de l’État du Cameroun.

Environ 6 000 fonctionnaires et agents de l’Etat radiés de la fonction publique

Par Thomas Tankou____________

Alors que cette démarche vise à épurer un fichier solde obsolète, elle met également en lumière des questions de malhonnêteté et de complicités internes qui ont perduré trop longtemps.

Un fléau persistant : La malhonnêteté des agents écartés…

La situation prévalant au sein de la fonction publique, où des milliers d’agents perçoivent des salaires sans être présents à leur poste, est indéniable. Selon les déclarations de Joseph Le, 5 936 fonctionnaires et agents licenciés ont été identifiés grâce à l’opération Coppe. Les ravages de cette situation ne se limitent pas à des pertes financières pour l’État ; ils soulèvent également des questions éthiques. Comment ces individus ont-ils pu émarger indûment aussi longtemps au budget de l’État sans être détectés ? Cela pose un problème de responsabilité non seulement individuelle, mais aussi collective.

Complicités internes : Une culture du silence…

La malhonnêteté observée ne peut se produire sans le concours de complicités à différents niveaux de la sphère administrative. La révocation de 5 936 agents ne serait pas survenue sans un constat accablant : de nombreux responsables administratifs ont omis de signaler ou de sanctionner ces comportements frauduleux. Cette affaire met ainsi en exergue une culture de l’impunité et du silence au sein de l’administration. La plupart de ces déserteurs ne sont même plus au Cameroun. Ils touchent cette argent à travers des mécanismes bien huilées et des complicités à divers niveaux.

Les éléments permettant de justifier l’absence prolongée de certains agents sont l’arbre qui cache la forêt. Comme l’a affirmé le ministre, il est probable que beaucoup d’entre eux soient décédés, soit partis hors de l’administration, sans que cela n’ait été dûment enregistré. Ce manque de rigueur dans la gestion des ressources humaines est le reflet d’une défaillance systémique que Coppe vise à corriger.

Implications budgétaires et économiques…

Les conséquences de ces irrégularités touchent directement les finances publiques. L’existence de milliers d’agents non présents à leurs postes alourdit la masse salariale sur le budget de l’État, limitant ainsi les possibilités de nouveaux recrutements. Cela engendre un cercle vicieux où l’inefficacité administrative freine le développement de services publics essentiels.

L’opération Coppe est donc non seulement une mesure disciplinaire, mais également un levier nécessaire pour assainir les finances publiques. Elle doit se traduire par des économies réelles et tangibles sur la masse salariale, qui pourront ensuite être redéployées vers des secteurs prioritaires nécessitant des ressources humaines compétentes.

Vers une administration modernisée et transparent ?…

Pour réussir cette opération, il est impératif de fiabiliser durablement le fichier solde de l’État et de moderniser le suivi de la présence. La mise en œuvre d’un système de gestion plus transparent et rigoureux permettra de prévenir de futurs incidents. Cela nécessite également une stratégie de recrutement améliorée, visant à attirer des profils qualifiés et motivés.

Le gouvernement doit s’assurer que les leçons de cette crise soient intégrées dans une approche systématique de gestion des ressources humaines. Une administration moderne ne peut se contenter d’efforts ponctuels ; elle doit s’inscrire dans une dynamique de changement culturel et structurel.

Un fléau qui gangrène la fonction publique…

L’Opération de comptage physique du personnel de l’État est une réponse audacieuse à un fléau qui a longtemps gangrené la fonction publique au Cameroun. En condamnant la malhonnêteté et les complicités internes, le gouvernement s’engage t-il enfin sur la voie de l’assainissement de ses effectifs ? Seule l’avenir nous le dira. Toujours est-il que, pour que cette démarche soit véritablement efficace, elle doit s’accompagner d’une transformation profonde des mentalités et des méthodes de gestion, promouvant la transparence et l’intégrité au cœur de l’administration publique. Seule cette démarche pourra garantir la crédibilité de la dépense publique et redonner confiance aux citoyens envers leur administration.