Au Cameroun, le secteur de l’or représente une opportunité économique majeure pour le pays. Malgré ses richesses naturelles, l’État fait face à une perte abyssale de recettes fiscales, estimées à près de 250 millions d’euros, selon le rapport 2023 du Comité ITIE Cameroun.
Quand les richesses issues de l’or échappent aux coffres de l’Etat
Par Thomas Tankou____________
Ce récent rapport de l’ITIE met en lumière un problème systémique : la gestion des ressources extractives, en particulier l’or, est entachée par des pratiques de corruption et d’illégalité qui entravent le développement économique du pays.
Une mine d’opportunités gaspillée…
La question des ressources extractives surgit souvent dans les discussions sur le développement durable. Au Cameroun, le constat est alarmant. La production d’or, bien qu’importante, ne bénéficie ni à l’État ni à la majorité de la population. La mauvaise gestion des ressources naturelles permet aux acteurs illégaux de prospérer, tandis que le pays, déjà surendetté, peine à boucler son budget.
Les routes de l’or : Un labyrinthe illégal…
Le rapport du Comité ITIE souligne l’absence de traçabilité dans le secteur de l’or. Les circuits illégaux, souvent alimentés par la corruption, rendent difficile l’identification et le démantèlement des réseaux souterrains. L’or produit dans le pays disparaît dans des réseaux d’exportation clandestins, privant l’État de revenus cruciaux. Les victimes de ce système sont en principe les citoyens, qui vivent dans des conditions précaires sans bénéficier des richesses de leur propre pays.
Coordination et responsabilité…
Une des recommandations majeures du rapport est l’amélioration de la coordination entre les institutions impliquées dans la gestion de l’or. Les ministères, Sonamines (Société Nationale des Mines) et Douanes doivent travailler ensemble pour garantir la traçabilité de l’or camerounais. Cependant, cette collaboration reste entravée par des luttes de pouvoir et un manque de volonté politique, laissant les pratiques corrompues perdurer.
Corruption : Une plaie béante…
La corruption est un obstacle majeur à la bonne gestion des ressources naturelles au Cameroun. Les passe-droits entre les fonctionnaires et les acteurs privés creusent encore plus le fossé entre l’État et ses citoyens. Les profits tirés de l’exploitation de l’or ne sont pas réinvestis dans le développement d’infrastructures ou de services publics, mais retournent souvent à des poches privées.
Impact sur les finances publiques…
La perte de 250 millions d’euros en recettes fiscales ne se limite pas à une simple statistique ; elle représente des fonds qui auraient pu financer l’éducation, la santé et le développement économique. Dans un pays où près de 37% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, ces manques à gagner deviennent d’autant plus significatifs.
Renforcer les systèmes de transparence…
Pour endiguer cette hémorragie, des mesures concrètes doivent être mises en œuvre. Le Cameroun doit non seulement renforcer ses systèmes de transparence, mais aussi mobiliser la société civile pour exiger des comptes aux autorités. La création d’un cadre juridique robuste, couplé à des audits réguliers, pourrait restaurer la confiance dans la gestion des ressources naturelles.
Le règne de la corruption et de l’illégalité…
Le Cameroun possède un potentiel inexploité en matière de ressources extractives. Cependant, tant que la corruption et l’illégalité continueront de régner, le pays demeurera prisonnier de ses propres richesses. Seule une approche systémique, intégrant transparence, responsabilité et collaboration, pourra permettre à l’État de bénéficier pleinement de ses ressources minérales et de mettre fin à la spirale de la pauvreté qui touche une partie importante de sa population.
