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ALTERNANCE AU CAMEROUN

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Et si Paul Biya faisait comme Joe Biden !

C’est du moins le rêve que carressent aujourd’hui, des jeunes et autres progressistes du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc). Pour rappel, à 81 ans, le président américain qui avait pourtant entamé la campagne pour sa réélection a finalement abdiqué au profit de sa vice-présidente, une autre candidate démocrate plus jeune et plus dynamique. L’actuel Chef de l’État aura 92 ans et 8 mois en octobre 2025, date de la prochaine présidentielle.

Par Thomas Tankou__________

Les Camerounais de bonne foi n’ont pas attendu la projection du documentaire « Paul Biya : un grand homme d’État au destin prodigieux », pour être convaincus que le maître des horloges politiques au Cameroun aura tout donné pour son pays.
Zoom-back sur la vie et l’immense œuvre de ce patriarche qui a failli de peu, devenir prêtre.
Paul Biya aura donné de sa jeunesse, de son expertise jamais démentie alors même qu’il militait encore au sein de la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire de France), où il fut porté au très convoité poste de vice-président. Il aura donné de sa vie privée, voire familiale…
Destiné à une vie de prélat par son géniteur, lui-même catéchiste, le jeune Biya entre en 1940 à la sacristie de la mission catholique de Nden dans le sud Cameroun. Mais contre l’avis de tous, le fils de Mvondo va quitter le petit séminaire, abandonnant ainsi la théologie pour embrasser une carrière de juriste.
Après l’obtention de son baccalauréat en philosophie en juin 1956, il passe avec brio les épreuves de licence en droit public en 1960.
Il obtient tour à tour son diplôme des hautes études d’outre-mer et le diplôme d’études supérieures en droit public, respectivement en 1962 et 1963.

À l’image d’une étoile filante…

Tout comme les autres jeunes cadres africains au lendemain des independances, Paul Biya entre dans l’administration en octobre 1962, comme chargé de mission à la Présidence de la République. Deux années plus tard, il est nommé Directeur de cabinet au ministère de l’éducation nationale en janvier 1964. Un an après, il est promu secrétaire général au sein de ce gigantesque mastodonte, éclaté aujourd’hui en quatre départements ministériels (éducation de base, enseignements secondaires, enseignements supérieurs, emploi et formation professionnelle), en juillet 1965. Puis Secrétaire général de la Présidence de la République en janvier 1968, cumulativement avec les fonctions de directeur du Cabinet Civil. En 1972, il est promu ministre d’État Secrétaire général de la présidence de la République. Il occupera ces fonctions pendant 5 années avant d’être nommé Premier Ministre. Successeur constitutionnel conformément à l’amendement constitutionnel numéro 72/02 du 29 juin 1979, il accède à la magistrature suprême le 6 novembre 1982 après la démission d’Amadou Ahidjo.

Plus de quatre décennies d’atermoiements et de gabegie…

Quand Paul Biya prend le pouvoir en 1982, la situation économique du Cameroun est citée comme un exemple de réussite en Afrique subsaharienne. Le principal indicateur ayant été l’opérationnalisation rigoureuse des plans quinquennaux.
Dès sa prise de pouvoir, il prône la rigueur et la moralisation. Tout semble être sur de bons rails. Profitant de l’état de grâce que lui accordent les Camerounais dans leur immense majorité, Paul Biya fait le tour du pays pour entrer en contact avec ses concitoyens. L’économie est en plein essor.
Le secteur primaire affiche une impressionnante niche d’emploi. Sodecao, Sodeblé, Sodenkam, Semry… autant de structures qui emploient des millions de Camerounais.
Dans le secondaire, quoique l’industrialisation en est encore dans sa phase de balbutiements, le secteur recrute en permanence les jeunes techniciens sortis des moules des grandes écoles de formation. On peut ainsi citer pêle-mêle : Cellucam, Société camerounaise de Sacheries, Ecam-placage, Scan dans le Noun….

Le secteur tertiaire qui concerne les banques, les assurances, les transports… atteint la vitesse de croisière. Avec les sociétés publiques et parapubliques comme Socopao, Sotuc, chantier naval…La Camair disposait plusieurs aéronefs, dont le Boeing 747 Combi, véritable fleuron de l’aviation camerounaise était surnommé le Mont Cameroun ou encore la 8ème province. A l’époque, le Cameroun était subdivisé en 7 provinces.
Les banques multinationales ou nationales sont en permanence surliquides et financent en temps réel les projets de développement. Biao, Banque unie de crédit (Buc), Fonader… autant d’établissements bancaires qui n’ont pas tardé à déposer le bilan.
C’est vrai que le Cameroun est passé de moins de 10 millions d’habitants à près de 30 millions aujourd’hui. Et que, sur le plan de l’éducation, même si à ce jour on est passé d’une seule université d’état à plus d’une dizaine aujourd’hui, la réalité est que la qualité de la formation est médiocre. Et pour preuve, le Cameroun ne figure même pas dans le classement des 100 meilleures universités d’Afrique.
Sur le plan politique, le vent de démocratisation insufflé courant 90 par le discours de la Baule du socialiste François Mitterrand, a du plomb dans l’aile, malgré la pléthore de partis politiques légalisés. La liberté d’expression arrachée de haute lutte, qui constituait jusqu’à un passé récent l’un des fruits mûrs de la politique du Renouveau est en net recul. Même si l’on n’a pas atteint le niveau des moments sombres de la censure sauvage des journaux, nous n’en sommes pas si éloigné.

Et si le football n’était que le cache-sexe d’un régime crépusculaire…

Le football en général plus particulièrement l’équipe nationale du Cameroun a, pendant plusieurs décennies constitué un véritable vecteur de l’unité nationale. Un élément fédérateur des Camerounais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. À telle enseigne que, le régime de Yaoundé exploitait l’euphorie générale générée par les victoires lors des grandes compétitions pour faire passer certaines lois liberticides au parlement.
Mais depuis un certain temps, cet opium du peuple s’est progressivement transformée véritable pomme de discorde. Au point que, certains observateurs de la scène politique camerounaise, pensent que la chute du régime pourra être précipitée par le mécontentement progressif des « footeux » sevrés de victoires. Là où même la Cangate et le Covidgate n’ont pas réussi. Ces derniers temps des clans maffieux se livrent à une bataille mortelle pour le contrôle du magot généré par les Lions indomptables et au-delà, le contrôle du pouvoir dans la perspective du « grand soir ».
Au crépuscule de sa carrière, on se rend compte que la vision de l’homme du 6 novembre, telle que contenue dans l’ouvrage « POUR LE LIBÉRALISME COMMUNAUTAIRE », a été galvaudée. Bien plus Paul Biya ne s’est pas suffisamment investis dans l’intégration culturelle. Nombreux sont ceux de ses compatriotes qui jurent ne l’avoir jamais vu drapé dans une gandoura, encore moins avec une chechia vissée sur le crâne.
Mais au-delà des ragots colportés par ces langues pendantes, le résultat reste le même : la moisson n’aura pas tenu la promesse des fleurs. Sur le triple plan politique, économique et sécuritaire. La situation dans le Noso et les multiples attaques de la secte islamique boko haram dans le Septentrion en sont des indicateurs implacables.

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