La ruée vers les religions ancestrales
De plus en plus d’Africains retournent à leurs traditions, à mesure qu’ils prennent conscience que Dieu, Zamba Yahwé, Dem, Ssi…n’a emprunté ni avion ni paquebot pour se retrouver sur leur continent. Même les narratifs tenus par le clergé en général intègrent progressivement l’inculturation. Quelques clichés…
Par Thomas Tankou___________
Avant de prendre son billet aller-simple pour la béatitude éternelle en 2021, Christian Cardinal Tumi a posé un acte fort évocateur.
Le 7 mars de la même année, on a aperçu ce prélat né en 1930 et ordonné prêtre en 1966, dans un accoutrement qui a suscité moult controverses. Drapé dans une tenue traditionnelle des peuples des Grassfields, l’homme de Dieu est aperçu sortant d’une case sacrée dans le Nord-ouest du Cameroun. Assis et tenant dans les mains une calebasse contenant du vin de palme et des branches d’arbre de la paix posées entre ses jambes. Des esprits mal avisés ont tôt fait de le condamner pour idolâtrie. Et pourtant…
Et pourtant il venait ainsi de passer avec brio un rite initiatique. Conformément aux préceptes du culte africain authentique.
Au crépuscule de son asile terrestre et après une vie entièrement consacrée au catholicisme, le prodige de Kumbo renouait ainsi avec ses racines. Un message suffisamment fort évocateur à l’endroit de ces néo chrétiens qui vouent aux gémonies leurs us et coutumes dans leur obstination à faire plaisir à leurs nouveaux maîtres. Bien avant le Cardinal, Mgr Albert Dongmo, Mgr Angelbert Mveng, l’abbé Ngomsi, avaient déjà emprunté ce chemin qui s’inscrit en droite ligne dans le registre de l’inculturation, si cher au Pape Jean-Paul II de regretté mémoire.
Le satisfecit du Saint-siège…
Après l’incompréhension suivie d’une levée de boucliers entre des chefs traditionnels de l’Ouest et l’évêque de Bafoussam, on a assisté à une autre épisode plus conviviale. Le nonce apostolique a été élevé à la dignité de « Grand notable », par Sa Majesté Jean Rameaux Sokoudjou, le Fo’o de Bamendjou. L’ambassadeur du Vatican au Cameroun et en Guinée Équatoriale est ainsi fait membre honoris causa par les dignitaires de la cour royale. La cérémonie y relative s’est déroulée le samedi 17 août dernier au palais du Fo’o à Bamendjou. Consacrant ainsi le dialogue des cultures.
De la racine aux feuilles, la sève monte…
Sabas Léopold II, fils Bameka dans les Hauts-plateaux de l’Ouest, ingénieur programmeur des systèmes informatiques établit en Grande Bretagne est lui aussi retourné aux sources, pour boire du creux de la main. Il a été élevé à la dignité de « Soh Mbu’ù Mbèe ». Le chef de famille a reconnu ainsi ses bons et loyaux services dans la concession familiale.
Il en est de même de Michel Blaise Tatsing, chrétien catholique. C’est bien lui le président de l’Assemblée communautaire du même groupement dans le département du Wouri, région du Littoral camerounais. Il est retourné lui aussi aux sources, pour implorer la bénédiction de ses ancêtres.
Ils sont nombreux ces Africains du Cameroun qui aspirent de plus en plus à la bénédiction ancestrale. Afin que la tradition serve de socle à l’épanouissement personnel et au développement.