La situation n’est pas du tout reluisante
La liberté d’expression est un droit fondamental, essentiel à la démocratie et à la bonne gouvernance. Cependant, au Cameroun, ce droit est régulièrement bafoué, mettant en lumière un environnement de plus en plus hostile pour les journalistes.
Par Thomas Tankou_____________
Les cas tragiques de Bibi Ngota, Samuel Wazizi et plus récemment Martinez Zogo illustrent la gravité de la situation et soulignent l’absence de justice pour les victimes.
Un climat de peur et de répression…
Dès son accession à la magistrature suprême le 6 novembre 82, Paul Biya avait présenté au monde entier, des signaux d’ouverture. Cet espoir s’est très vite estompé, après le coup d’état manqué du 6 avril 1984.
Depuis lors, le régime de Yaoundé a instauré un climat de peur où la torture et l’assassinat de journalistes sont devenus des pratiques courantes. Bibi Ngota, journaliste d’investigation, a été arrêté et est mort en détention dans des conditions suspectes. Samuel Wazizi, un reporter, a également disparu après avoir été arrêté pour avoir couvert des événements sensibles, et son sort reste inconnu. Le cas de Martinez Zogo, enlevé et retrouvé mort, témoigne d’une violence systématique à l’encontre des voix critiques.
L’absence de justice…
L’un des aspects les plus préoccupants de cette situation est le manque de poursuites judiciaires pour les crimes commis contre les journalistes. Les familles des victimes attendent en vain l’ouverture de procès pour punir les coupables. Cette impunité renforce le sentiment d’insécurité parmi les journalistes et crée un climat où la peur prime sur la liberté d’expression.
La torture comme outil du régime…
La torture est utilisée comme un instrument de répression par le régime en place, qui cherche à étouffer toute forme de dissentiment. Des cas comme ceux d’Ebale et Longue Longue, qui ont subi des traitements inhumains, illustrent la brutalité de ces méthodes. Ces actes visent à dissuader les journalistes de s’exprimer librement et à maintenir un contrôle strict sur l’information.
Complicité et banalisation…
Le milieu de la presse au Cameroun est infesté de dangereux propagandistes, ou au mieux de passifs communicants.
La situation est exacerbée par la complicité de certains journalistes, qui choisissent de collaborer avec le régime pour devenir de véritables bourreaux pour leurs confrères. En banalisant la répression et en diffusant des informations contrôlées, ces professionnels contribuent à l’éradication de la liberté d’expression. Cela crée une dichotomie au sein du paysage médiatique, où la voix des véritables journalistes est étouffée par ceux qui servent des intérêts politiques.
La clochardisation des médias…
La clochardisation des hommes et femmes de médias est un autre phénomène inquiétant. De nombreux journalistes, confrontés à des conditions de travail précaires et à des intimidations constantes, sont forcés de renoncer à leurs principes éthiques. Cette situation met en péril la qualité de l’information et nuit gravement à la démocratie.
L’avenir d’une presse libre en pointillé…
La liberté d’expression – et non de bavardage – au Cameroun est en danger. Les cas de torture et d’assassinat de journalistes cités plus haut, l’absence de justice et la complicité de certains acteurs médiatiques témoignent d’une crise profonde. Il est impératif que la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme, accompagnent les pouvoirs publics dans la recherche de solutions à cet épineux problème. Afin de protéger les journalistes et promouvoir un environnement où la liberté d’expression est respectée. Le Cameroun mérite d’être un modèle de respect des droits fondamentaux, et il est temps de mettre fin à la répression.