Le débat sur la vacance du pouvoir est ouvert
Après 42 années de pontificat présidentiel, les Camerounais dans leur immense majorité envisagent désormais l’alternance au sommet de l’État. Le sujet jusque-là tabou sur la succession de Paul Biya alimente désormais les conversations sous les chaumières, et les débats sur plateaux de télévision.
Décryptage.
Par Thomas Tankou____________
Au pouvoir depuis le 6 novembre 1982, Paul Biya aura 92 ans et 10 mois en octobre 2025. Date prévue pour la tenue de la prochaine élection présidentielle. Un record planétaire parmi bien d’autres pour le Cameroun. Pourtant, les thuriféraires du régime de Yaoundé ne comptent pas s’arrêter là. Ils invitent à cor et à cri celui qui est actuellement en « excellente santé et vaque à ses occupations à Genève », à rempiler pour un autre septennat. Mais la manipulation de l’opinion relativement à son vrai faux-retour au bercail après un long et tumultueux périple en Orient et en Occident,
suscite de profondes inquiétudes au sein des populations. Du coup, le débat sur la succession de l’actuel locataire d’Etoudi refait surface, malgré les menaces et autres ultimata proférés çà et là.
Absence prolongée de plus de 45 jours…
Contrairement à une certaine opinion, adoubé aussi par l’ordre gouvernant au Cameroun, il n’est consigné nulle part dans la constitution du Cameroun un délai précis pour la constatation de la vacance à la présidence de la République.
Gouverner le Cameroun loin du triangle national…
Avec le principe d’extra territorialité de la fonction présidentielle au Cameroun, le président de la République est toujours aux commandes, même étant hors du pays. C’est cette disposition que les défenseurs du chantre du Renouveau national brandissent pour adouber leur champion, absent du Cameroun depuis le 2 septembre dernier. Ils soutiennent d’ailleurs leur argumentaire en citant quelques actes et décisions pris par le chef de l’État depuis lors.
Position d’absence irrégulière…
Des partis de l’opposition, des leaders d’opinion et acteurs de la société civile soutiennent le contraire. Pour eux, Paul Biya aura abandonné son poste de travail qui le lie au contrat avec le peuple camerounais. La présence du président de la République actuellement en Suisse, ne s’inscrivant guère dans le cadre d’une visite officielle, il serait hors de question de parler de principe d’extra territorialité de la fonction présidentielle. Et que par conséquent, cette absence prolongée entraîne de facto la vacance à la présidence de la République.
Ce que dit la constitution sur le sujet…
La constitution de la République du Cameroun a prévu trois cas de figure pour l’ouverture de la vacance à la présidence de la République.
La démission, le décès ou l’incapacité prolongée constatée par le Conseil constitutionnel.
Dans ce dernier cas de figure, deux principaux verroux rendent compliqué le déclenchement du processus.
Primo : le floue qui enveloppe obstinément le délai de constatation de l’incapacité prolongée ;
-Secundo : Cette incapacité prolongée doit être constatée elle – même par le seul Conseil constitutionnel dont la nomination du président dépend du pouvoir discrétionnaire du président de la République himself.
À quand le retour de Paul Biya ou l’ouverture de la vacance à la présidence de la République ?
Les Camerounais ont les regards rivés et les oreilles tendus vers Genève.
Ça craint !