À quel leurre…
La répartition équitable des fruits de la croissance se fait à géométrie variable au Cameroun. Un universitaire épluche ici la situation à l’Université de Douala.
(•) Par Arlette Framboise Doumbe Ding________
Dans une vidéo qui circule sur la toile, le Pr Messanga Nyamding qui se présente comme un Biyaïste déclare que l’université de Douala compte au total onze établissements et que 8 des 11 établissements ont à leur tête ceux de nos compatriotes que Dieudonné Essomba appelle les « Ekang ».
C’est à dire que les « Ekang » dirigent 72% des établissements de l’université de Douala.
On peut même avancer quelques noms :
Mr Magloire Ondoua recteur de l’université de Douala, M. Bekolo doyen de la faculté des sciences économiques, M. Akam doyen de la faculté des sciences juridiques et politiques, le directeur de l’ESSEC, le doyen de la faculté des lettres, le doyen de la faculté de médecine, pour ne citer que ceux là, sont tous d’un même groupe ethnique que le Président de la République.
Voilà une triste réalité qui pose avec acuité le problème de la fameuse politique de l’équilibre régional et même du vivre- ensemble tant mis en avant par les dirigeants de ce pays. Le constat fait à l’université de Douala autorise cette question : Pourquoi ont-ils menti aux Camerounais sur une prétendue politique de l’équilibre régional qui dans la pratique ressemble plutôt à une politique <> ethnique ou de ségrégation tribale ?
Bien-sûr les Ekang sont des Camerounais et nous sommes fiers de les avoir comme compatriotes. Mais est-ce que les Sawa sont des Tchadiens pour être à ce point exclus de l’université de Douala ?
Existe t-il parmi les 11 universités d’Etat que compte le Cameroun une seule où les Sawa occupent la tête de 72 % des établissements ? En existe-t-il une seule où les Bassa, les Moundang, les Bamileke où les Peuls occupent la tête de 72% des établissements ? A ma connaissance non . Pourtant les ressortissants de ces autres ethnies ne sont pas moins Camerounais que les « Ekang ‘.
Cela fait au moins 4 ans que nous posons la question du tribalisme d’Etat au Cameroun sans être entendus . Au contraire les choses vont en s’empirant . On a le sentiment que le pays est dirigé par un régime obsédé par le supremacisme tribal d’un groupe. Car figurez-vous qu’au delà du scandale tribal de l’université de Douala, on constate que Mr Ondoua Hervé Marie le délégué régional a la sûreté nationale du littoral basé à Douala, Mr Sylyac Mvogo le préfet du département du Wouri, Mr Cyrus Ngo’o le Directeur du port autonome de Douala, pour ne citer que ceux-là sont tous du même groupe ethnique. Tout se passe comme si les Sawa et les autres communautés ethniques n’étaient constitués que des incompétents. Ce qui est faux, cynique et inacceptable dans un pays qui compte près de 300 ethnies et où un discours répugnant et puant de démagogie véhicule l’idée du vivre ensemble et de la politique de l’équilibre régional alors même que le tribalisme d’Etat est pratiqué de façon outrancière.
A la lumière de tout ce qui précède, où est donc le vivre- ensemble ? Où est la politique de l’équilibre régional ? Où est l’esprit du partage et la fraternité nationale que les dirigeants de ce pays sont censés incarnés et impulsés ?
Voilà les questions de fond que ce fanfaron joueur de pmuc en image ne comprends pas. Il est utilisé telle une marionnette dépourvue de toute intelligence pour s’attaquer aux Bamileke et distraire les gens du vrai scandale tribal qui se joue à Douala et qui compromet l’avenir des enfants Sawa et des autres enfants du Cameroun.
Il n’a rien compris et ceux qui le soutiennent dans cette fanfaronnade improductive n’ont rien compris . Sinon pouvez vous me montrer une seule grande oeuvre ou un seul grand édifice réalisé grâce à la haine de l’autre ? Ça n’existe nulle part et c’est dire si le vrai combat pour la réussite ou le rayonnement d’une communauté est ailleurs que dans la haine tribale.
La haine tribale est plutôt le meilleur moyen de se complaire dans la médiocrité en espérant que la Mane tombera du ciel. Désolée mais la seule chose qui peut tomber du ciel c’est la pluie. Il faut donc abandonner la haine tribale pour se tourner vers des combats utiles à la communauté. Comme par exemple encourager les jeunes filles à embrasser des filières scientifiques à l’école ou encourager la jeunesse à persévérer dans leurs études pour toujours se hisser parmi les meilleurs. Cela aura pour conséquence de faire rayonner la communauté. Ce que la haine tribale ne peut pas faire.
Je vous tiens ici un langage de vérité quitte à être combattue comme de coutume par des obscurantistes émotifs.
Dans notre lutte contre le tribalisme d’Etat, nous ne nous attaquons et ne nous attaquerons jamais à une quelconque communauté ethnique de notre pays. Car le tribalisme d’Etat qui nourrit le repli identitaire, crée les divisions et tire le pays vers les bas-fonds de la médiocrité ou de la pauvreté économique est l’œuvre d’un régime et non d’une éthnie. Nous disons qu’il existe un lien très fort entre le tribalisme d’Etat et la pauvreté économique du Cameroun. Nous pouvons le démontrer. Et c’est pourquoi nous déplorons les dérives tribalistes du régime de Yaoundé et dénonçons avec fermeté les pratiques de ségrégation tribale qui font beaucoup de mal au Cameroun et à l’ensemble des Camerounais en tant que facteurs de médiocrité et de pauvreté.
Nous n’arrêterons pas ce combat avant que les pratiques rétrogrades et complètement ridicules du tribalisme d’Etat ne s’arrêtent définitivement au Cameroun.
(*) Le surtitre, le titre et le chapô sont de la rédaction
(•) Correspondance particulière