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FRAUDE PRÉ-ÉLECTORALE AU CAMEROUN (Acte 1) :Dans notre récente publication, nous vous avons promis de faire une intrusion dans les mécanismes de fraude qui précèdent généralement les jours d’élections au Cameroun. Nous y sommes !

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Par Thomas Tankou____________

En exigeant de l’organe en charge de la gestion des élections au Cameroun, qu’il publie la liste nationale des inscrits, le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun a foutu un coup de pied dans la fourmilière. Par cet acte citoyen, le Mrc est ainsi considéré par les thuriféraires du régime crépusculaire de Yaoundé comme un « empêcheur de tricher en rond ». Surtout que, lors des consultations électorales antérieures, les listes ont toujours été publiées par touches successives dans les circonscriptions électorales du Cameroun. Soit !
Mais si rien ne couve sous cette manière d’agir, qu’est-ce qui empêcherait Elecam de faire son travail en rassemblant, et en mettant les uns à la suite des autres, ces bouts de listes disceminées dans les 360 communes du Cameroun ? À quoi aura donc servi la biométrie dont on nous a tant vanté les prouesses ?
Pourtant d’un simple clic le travail est effectué. Au lieu de le faire, Elecam demande à chaque Camerounais d’aller vérifier les listes dans sa commune d’attache. Alors qu’à partir du téléphone portable, chaque Camerounais peut avoir une vue synoptique du fichier électoral national. Et par la même occasion, procéder à des réclamations en cas d’omissions volontaires ou non.
Rappelons ici que la constitution de la République du Cameroun, en son article 2 alinéa 3 confère à tout Camerounais âgé de 20 ans révolus le droit de vote. Cette disposition est foulée au pied au Cameroun, et ce, à plusieurs égards. Les détenus en attente de jugement sont privés de droit de vote, alors qu’ils jouissent de la présomption d’innocence. Le professeur Alain Fogue Tedom un des multiples prisonniers d’opinion du Mrc a même récemment, du fond de son cachot lancé une alerte allant dans ce sens. Ce cri de désespoir est visiblement tombé dans les oreilles de sourds, puisque rien n’a été fait jusqu’à présent. Comment ne pas faire allusion au combat des Camerounais de la diaspora qui luttent chaque jour pour que ce droit inaliénable soit sauf. Le maire de la commune de Yaoundé 7 dans une vidéo qui affole la toile s’est quant à lui livré à une plaisanterie de mauvais goût en exigeant que les Camerounais de sa circonscription présentent une carte de séjour pour s’inscrire sur les listes électorales.
Pire encore il ya quelques jours, le ministre de l’administration territoriale a pondu un communiqué pour accuser des leaders des partis politiques de l’opposition ainsi que des acteurs de la société civile d’avoir harcelé les citoyens camerounais en les sensibilisant à s’inscrire massivement. Il les a ainsi mis en garde et a instruit préfets et gouverneurs à se mettre à leurs trousses. Pourtant, l’article 71 alinéa 1 du code électoral dispose que « l’inscription sur les listes électorales est un droit. Elle se fait par les soins des démembrements territoriaux d’Elecam, en relation avec les commissions mixtes compétentes ». Les responsables des partis politiques font pourtant parti desdites commissions mixtes.

Du découpage électoral…
Le type de fraude ici consiste à allouer la majorité des circonscriptions dans les zones favorables à certaines formations politiques, en utilisant le pouvoir des décrets. En 2007 par exemple, à moins d’un mois des élections municipales et législatives, une cinquantaine de nouvelles circonscriptions avaient été créées dans les zones favorables au Rdpc. L’exécutif avait ainsi pris cette décision sur la base de l’article 149 alinéa 2 du code électoral, qui stipule que : « … compte tenu de leur situation particulière certaines circonscriptions peuvent faire l’objet d’un découpage spécial par décret du président de la République. C’est cette disposition de la loi qui a été frauduleusement exploitée au gré des intérêts du parti assis sur le pouvoir.

Un épais rideau de nuages quant à la date exacte des élections…

Contrairement à ce qui se passe dans les grandes démocraties occidentales et même dans certains pays africains à l’exemple du Sénégal où le calendrier électoral est connu longtemps à l’avance par les différents acteurs, le président de la République détermine seul et de façon unilatérale la date exacte des élections au Cameroun. Il se trouve ainsi dans la posture de juge et partie, président de la République et président d’un parti en compétition avec les autres formations politiques. Il se livre ainsi à une fraude légale que lui autorise l’article 86 alinéa 1 du code électoral qui dispose tout simplement que : « Le corps électoral est convoqué par décret du président de la République ».

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