Ketcha Courtes vend la culture camerounaise à l’export
Par Thomas Tankou_____________
Avec la bénédiction d’une quinzaine de dignitaires traditionnels du département du Ndé, le ministre de l’habitat et du développement urbain a posé le 3 août dernier en hexagone un acte hautement symbolique. Cet action a suscité diverses interprétations au sein de l’opinion et de la classe politique au Cameroun. Chacun y est allé de son commentaire.
Pour les uns, il ne s’est agit ni plus ni moins que du bradage de l’héritage culturel Bamileké par quelques monarques en mal d’ascension sociale.
Ceux qui savent lire dans la boule de cristal sont même allés jusqu’à voir en ce déploiement du Minhdu, un signe avant-coureur d’une ambition de présidentiable mal voilée. Et ce n’est que le refrain d’une chanson entonnée il ya des lustres. À l’époque où Courtès arpentait encore les départements du Centre et du Sud pour doter les centres de santé d’énergie solaire. En compagnie de Ségolène Royale, candidate malheureuse à la présidentielle en France. À l’époque, l’ancienne maire de Bangangté n’était pas encore membre du gouvernement.
Suivre l’exemple qui vient d’en haut…
Avec un peu de recul et une analyse dépouillée de tous préjugés, une autre lecture s’impose. Celle qui privilégie les échanges interculturels, aucun peuple ne pouvant évoluer dans une bulle dans le contexte de la mondialisation. Ceux qui estiment que ces dignitaires traditionnels ont bradé l’héritage camerounais à Paris sont les presque les mêmes qui ont coutume de se plaindre que l’Occident nous impose sa culture, sa manière de voir, sa manière de faire.
Quand Paul Biya lui-même reçoit ses hôtes de marque au Palais de l’Unité, il ne manque pas de les gratifier de nos produits culturels pour ainsi vanter et exporter le savoir-faire des artisans camerounais. C’est alors que, nombre d’entre ces artisans signent des bulletins de commande à l’occasion ou plus tard, pour la production d’ouvrages d’art. Le savoir-faire d’une nation n’est pas que matériel, il est tout aussi immatériel. Il n’est pas que culturel, il est tout aussi cultuel. À l’image de ce qu’on a vécu à la mairie de Paris le 3 août, à l’ouverture des Jeux olympiques éponymes, au moment où les caméras du monde entier étaient braquées sur la ville lumière. Un véritable rituel ancestral Bamileké en plein cœur de Paris. L’anoblissement de la maire de Paris par S.m Nveun Tchanda,13 rois Bamileké et la reine-mère Ketcha épouse Courtès qui ont élevé la maire de Paris à la dignité de Maveun Napngoh, pour « ses actions fortes et courageuses en faveur de l’amélioration de la qualité de vie des populations de Paris, des populations d’Afrique et du Cameroun. À travers l’Association Internationale des Maires Francophones (Aimf), dont elle est présidente. » Par la même occasion, la maire de Paris a été invitée à effectuer une visite au Cameroun.
On a vu une Anne Hidalgo drapée dans le « ndop », tissu traditionnel Bamileké visiblement aux anges. C’est aussi la manifestation de ce qui convient de ranger dans le registre des actes concourant à promouvoir le dialogue des cultures. Pour construire le village planétaire, au propre comme au figuré, chaque peuple devra y apporter du sien.
Le dialogue des cultures est résolument en marche…