Par Thomas Tankou_____
La Société des Produits Avicoles du Cameroun (SPAC) de Bafang, inaugurée le 14 octobre 2011 en grandes pompes par Louis Paul Motaze, alors ministre camerounais de l’économie, rêvait d’être une entreprise prometteuse à l’Ouest du Cameroun.
Avec un investissement de 5 milliards de francs CFA, issus des fonds camerounais et étrangers (dont 500 millions de fonds japonais), elle avait pour objectif principal l’abattage et la commercialisation de la volaille, avec une capacité de traitement impressionnante de 3000 poulets par heure, soit 15 millions par an. Cependant, dès son lancement, la SPAC a été confrontée à des difficultés majeures, aboutissant finalement à la faillite déclarée par Christophe Eken, le président de la Chambre de Commerce, de l’industrie, des Mines et de l’artisanat, qui était également le promoteur du projet. La cessation d’activités de cette société qui employait une quarantaine de Camerounais intervient seulement six mois exactement après l’optimum de production.
Matière première manquante…
L’un des problèmes majeurs qui ont entravé le succès de la SPAC dès le début était l’absence de collaboration avec les éleveurs de poulets. En effet, les éleveurs locaux n’ont pas été associés au projet, ce qui a conduit à une pénurie de matière première dès le lancement de l’entreprise. Sans accès à suffisamment de volailles à abattre, la SPAC était dans l’incapacité de mener à bien son activité principale.
Conséquences et dépôt de bilan…
Face à cette situation critique, Christophe Eken, a été contraint de déposer le bilan de la SPAC dès 2013. L’absence de volaille pour l’abattage a rendu impossible la viabilité financière de l’entreprise. Malgré les investissements importants et les ambitions de ravitailler l’Afrique centrale en produits avicoles, la SPAC de Bafang est devenue un autre éléphant blanc.
Le rôle des éleveurs de poulets…
La non-implication des éleveurs de poulets dans le projet SPAC a été une erreur majeure. Leur expertise et leur contribution auraient été essentielles pour assurer une source constante de matière première, garantissant ainsi la continuité des opérations de la société. En négligeant ce partenariat potentiel, l’entreprise a été confrontée à des difficultés insurmontables dès le début.
La Société des Produits Avicoles du Cameroun de Bafang, lancée avec beaucoup d’enthousiasme et d’ambition, s’est avérée être un échec retentissant. La SPAC de Bafang reste ainsi un triste exemple des conséquences néfastes de l’absence de consultation et de partenariat avec les parties prenantes clés dans la réalisation de projets économiques majeurs.