Les populations du groupement Baleveng en ordre de bataille
Par Thomas Tankou______________
« Les divisions que Atanga Nji impose dans les partis politiques ne passeront pas à Baleveng… nous allons lui montrer que nous sommes les mangeurs de chiens. »
Tels sont les propos tenus par un fidèle notable de la cour royale Baleveng, que nous avons obtenu au téléphone dans la matinée du 9 juin dernier.
Cette levée de boucliers fait suite à un arrêté du Ministre de l’administration territoriale créant une autre chefferie de 2ème degré sur le territoire de Baleveng.
« Est reclassé au 2ème degré à compter de la date de signature du présent arrêté, la chefferie de 3ème degré Balekouet avec siège à Balekouet, arrondissement de Nkong-Ni, département de la Menoua, région de l’Ouest. » Peut-on lire dans l’arrêté numéro 00000016 du 5 mars 2023, dont LE HERAUT NATIONAL a pu avoir copie. C’est ce document enregistré dans les services du Premier Ministre sous le numéro 000144 du 8 février 2024, qui a suscité une levée de boucliers au sein de ce peuple jusque-là sans histoires.
Le chef supérieur Baleveng, le premier à être surpris…
« J’ai découvert avec beaucoup de surprises un arrêté portant reclassement au 2ème degré de la chefferie Balekouet. Il s’agit de manière claire de la création dans notre groupement, qui est une chefferie de 2ème degré, d’une autre chefferie de 2ème degré. » C’est en ces termes que Sa Majesté Gaston Guemegni, le Fo’o de Baleveng introduit une communication en direction de ses filles et fils de l’intérieur et de la diaspora. Et de poursuivre, « … je tiens à informer les populations, la communauté nationale et internationale que je n’ai jamais été, ni consulté, ni donné mon avis au sujet de ce dossier… je demande aux filles et fils Baleveng de l’intérieur et de l’extérieur d’une part de dénoncer et condamner avec la dernière énergie cette initiative satanique et, d’autre part de prêter main forte pour faire échec à ce projet diabolique dont l’unique objectif est de diviser le groupement Baleveng et de nous plonger encore dans les troubles. »
Des manœuvres dolosives pour justifier la forfaiture…
Pour justifier cet acte qui met à mal la cohésion au sein du peuple Baleveng, des arguties selon lesquelles le Chef Baleveng aurait introduit un dossier en vue de l’érection de son groupement en chefferie de 1er degré sont véhiculés. L’intéressé fait une mise au point dans sa communication.
« De même, à moins d’en fabriquer et m’attribuer la paternité, je n’ai introduit aucun dossier en vue de l’érection de la chefferie de 2ème degré de Baleveng en une chefferie de 1er degré, étant entendu que la superficie de notre groupement et son faible poids démographique ne favorisent pas une telle initiative. »
Beaucoup de contradictions et de demi-vérités dans le processus…
C’est seulement depuis 1995 que la chefferie Balekouet de 3ème degré existe administrativement, créé par arrêté numéro 189/AP/F34/BAE/2 du 26 mai 1995 à Dschang, signé du préfet Denis Nkoumnde.
Dans ledit document officiel, le village Balekouet est limité :
-Au Nord par les villages Zemto et Tchueza ;
-Au Sud par le quartier Tekang II ;
-A l’Est par le quartier Kembet ;
-A l’Ouest par le quartier Tsinsaah.
Curieusement, dans l’arrêté érigeant Balekouet en chefferie de 2ème degré les limites sont les mêmes villages qui, en 1995 étaient cités plutôt comme quartiers limitrophes.
Bien plus, on ne sait par quelle alchimie la population de Balekouet est passée de 800 habitants en habitants en 1995 à 17 000 âmes en 2023.
Bien plus, Sieur Keuatsop Tetakeua Pierre Aimé qui a introduit la demande le 7 février 2019 auprès de l’autorité administrative, est désigné chef de 2ème degré du village Balekouet dans le groupement Baleveng. Au même titre que Sa Majesté Gaston Guemegni, Chef de 2ème degré du groupement Baleveng. Quelle incongruité !
Nous savons pourtant que, selon la loi de 1974 portant réorganisation des chefferies traditionnelles au Cameroun, les Chefs de 1er et 2ème degré sont des Chefs supérieurs, auxiliaires de l’administration, installés uniquement à la tête des groupements autonomes.
Le mécontentement populaire qui couve actuellement à Baleveng pourra, si rien n’est fait, déboucher sur une situation incontrôlable.
Sous la cendre… les braises !