LES ANNÉES BIYA : Chronique du naufrage de la nation camerounaise .
Auteur :
Haman Mana
Éditeur :
Les Éditions du Schabel
Note de lecture : Thomas Tankou
Dans un essai Fort percutant, Haman Mana nous offre une analyse sans concession du régime de Paul Biya au pouvoir depuis plus de quarante ans. Le Directeur de publication du quotidien Le Jour passe au crible d’une analyse toute de finesse et de discernement les multiples tares qui sclérosent le paysage sociopolitique au Cameroun.
L’ouvrage Les Années Biya s’impose comme un diagnostic sans concessions. Et ce, à l’aube d’une présidentielle cruciale prévue pour octobre 2025.
Une plongée dans l’Histoire récente du Cameroun…
L’auteur a structuré l’œuvre en treize chapitres. Chacun explorant des événements marquants de l’ère Biya :
De la prise de pouvoir en novembre 1982 aux scandales financiers tels que la « Cangate » , le « Covidgate »…
Haman n’hésite pas à aborder des sujets sensibles, comme la guerre de sécession et la crise économique qui avait conduit à une double baisse des salaires courant 90.
Un Style éloquent et captivant…
Avec des expressions châtiées et nuancées, l’auteur use et abuse d’un vocabulaire inspiré du jargon local, rendant son récit à la fois accessible et attirant. Ce choix linguistique voulu, renforce l’authenticité de son analyse et permet au lecteur de se connecter plus profondément avec les réalités camerounaises.
La crise de succession…
Un des axes majeurs de Les Années Biya est la crise de succession qui agite actuellement le Landerneau politique. Alors que la présidentielle de 2025 approche, Haman Mana met en lumière les luttes internes au sein du parti au pouvoir. Ainsi que les incertitudes qui pèsent sur l’avenir politique du Cameroun.
Cette situation précaire accentue davantage la nécessité d’une réflexion collective sur le futur de la nation et soulève des questions cruciales sur la démocratie camerounaise.
Auteur plutôt prolixe, il a publié l’année dernière, avec Valentin Siméon Zinga, « Cameroun, le journalisme en déclin. » Une réflexion sur le journalisme au Cameroun face aux enjeux socio-économiques et du numérique .
« J’ aime l’odeur de l’encre sur la papier au petit matin », paru aussi l’an dernier, est une autobiographie professionnelle dans laquelle Haman Mana raconte son parcours professionnel de 35 ans. Depuis Cameroon Tribune, oû il a été reporter et a couvert le décompte des voix à la Commission Narionale des votes, lors de la Présidentielle de 1992.
Son passage au Messager de Pius Njawe comme secrétaire de rédaction où il participe à la transformation du journal d’une tribune politique, en un journal d’informations. L’aventure « Mutations » dont il prend la tête avant de porter sur les fonts baptismaux, la première aventure réussie de quotidien privé en Afrique centrale, et le lancement de Le Jour…
Il y a aussi dans ce livre, de croustillantes anecdotes, comme le séjour de l’auteur à la gendarmerie, suite à la publication des 21 décrets réorganisant l’armée camerounaise. C’était en 2001…
Contexte et motivations d’un projet éditorial…
L’origine de Les années Biya : chronique du naufrage de la nation camerounaise remonte à janvier 2023, avec le départ du Cameroun de son auteur. Haman a déposé ses valises chez l’Oncle Sam, à la « Medill School of journalism ». L’un des prestigieux établissements d’enseignement de journalisme, parmi les plus anciens aux États-Unis.
Les Années Biya est un véritable tour de force, alliant analyse rigoureuse et plume raffinée. En tant que journaliste chevronné au sommet de son art, l’auteur réussit ainsi à capturer l’essence des défis actuels que le Cameroun doit affronter. Cet ouvrage épluche un sujet de lecture incontournable, pour quiconque s’intéresse à la dynamique politique de ce pays. En même temps qu’il interpelle les uns et les autres à une vigilance accrue à l’approche d’élections sensibles. Un essai qui, sans aucun doute, marquera les esprits et stimulera davantage le débat public.