Le 17 juin 2025, un accord historique a été signé à Vienne entre le ministre camerounais de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, et le Fonds de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour l’opérationnalisation du Projet de Développement de la Chaîne de Valeurs du Riz (Pdcvr).
15 milliards de FCfa de financement accordé au Cameroun
Par Thomas Tankou____________
Ce projet, d’un coût total estimé à près de 98 milliards de FCfa, vise à augmenter la production de riz au Cameroun, un objectif crucial face à l’importation massive de ce produit.
Un projet ambitieux…
Le Pdcvr ambitionne de renforcer les capacités des riziculteurs, d’améliorer l’accès aux services sociaux de base et de désenclaver les bassins de production. Ces mesures sont essentielles pour augmenter les revenus des petits exploitants et des prestataires de services agricoles. Cependant, malgré ces objectifs louables, une ombre plane sur le projet : la méfiance des bénéficiaires.
Le scepticisme des populations bénéficiaires…
Les Camerounais, déjà marqués par des expériences passées, sont en droit de se poser des questions sur la transparence et l’intégrité de la gestion des fonds. Plusieurs projets ont connu des dérives où l’argent, censé bénéficier au développement, a été détourné par des responsables dans les bureaux à Yaoundé. Ce phénomène, récurrent, a laissé des traces profondes dans l’esprit des citoyens.
Les témoignages de petits exploitants agricoles témoignent de cette méfiance. «Nous avons vu trop de projets prometteurs échouer. Comment pouvons-nous croire que cette fois-ci sera différente ?» s’interroge un riziculteur de la région de l’Extrême-nord, ancien employé de la Semry de Yangoua. Les promesses d’un avenir meilleur se heurtent à la réalité amère des détournements de fonds devenus le sport favori au Cameroun.
Un appel à la vigilance…
Face à cette situation, il est impératif que le gouvernement camerounais prenne des mesures concrètes pour garantir la transparence et l’accountability. La mise en place d’un mécanisme de suivi et d’évaluation indépendant pourrait rassurer les bénéficiaires et renforcer leur confiance dans le projet.
Les organisations de la société civile et les acteurs locaux doivent également être impliqués pour surveiller l’utilisation des fonds et s’assurer que le projet atteigne réellement ses objectifs.
Gestion rigoureuse et transparente des ressources…
Le Projet de Développement de la Chaîne de Valeurs du Riz a le potentiel de transformer le paysage agricole camerounais et de réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations. Cependant, sans une gestion rigoureuse et transparente des ressources, les doutes des Camerounais risquent de perdurer, sapant ainsi les fondations même de ce projet ambitieux. La balle est désormais dans le camp des autorités : réussiront-elles à redonner foi à un peuple déjà désabusé par des promesses non tenues ? Rien n’est moins sûr…